Moins pessimistes que l’ensemble de leurs compatriotes, les "happy fews" allemands, britanniques, françaiss ou russes estiment dans leur grande majorité avoir réussi leur vie.
L’Europe des CSP+ (les "catégories sociales dites "supérieures") a le moral et les plus optimistes sont… les Français : 85 % des personnes appartenant aux catégories supérieures estiment avoir réussi leur vie, suivis par les Allemands (82 %), les Britanniques (76 %) et les Russes (64 %). C'est ce qui ressort d'un sondage réalisé par l'ESSEC.
Ces chiffres cachent toutefois quelques disparités : si les cadres sup et autres privilégiés hexagonaux sont globalement (à plus de 80 %) autant satisfaits de leur vie professionnelle que personnelle, les autres, en revanche, sont plus enthousiastes sur leur vie après le boulot que pendant. Tous affirment, par ailleurs, que l’idée d’avoir une belle carrière ne fait pas partie de leurs principales préoccupations. Être amoureux, heureux en famille ou avoir de bons amis est devenu plus important.
Le bonheur, c'est pas le boulot
La crise serait-elle passée par là? Le désenchantement des cadres sup par rapport au monde du travail serait-il également en train d’atteindre les sommets ? Difficile à dire. Mais, force est de constater que ces cadres sup sont moins de 30% à accepter de sacrifier leur vie privée pour réussir professionnellement.
De doux rêveurs? Pas vraiment : pour 83 % des Russes, réussir professionnellement est synonyme de prise de responsabilité. Bien que plus en retrait, les Français (64 %), les Allemands (62 %) et les Britanniques (55%) partagent ce point de vue.
Sans toutefois avoir pour seule ambition une accumulation des richesses à leur seul profit : 50 % des Britanniques, 51 % des Allemands, 59 % des Français et 75 % des Russes préfèrent participer à l’augmentation des profits de leur entreprise dans le but de les distribuer. Une vision qui interpelle dans des sociétés où les inégalités sociales n’ont jamais été aussi fortes…
Les Français misent sur les réseaux, les autres sur l’intelligence
Intéressantes aussi les représentations qu’ont les élites de la réussite : en France, plus que partout ailleurs, l’ambition des cadres sup est de travailler dans une petite entreprise quand en Russie, l’idée de créer sa propre boite a le vent en poupe.
Les Français se distinguent également quand 55 % des sondés placent les réseaux en tête des atouts de départ qui favorisent la réussite. Dans les autres pays, c’est en revanche l’intelligence qui joue un rôle majeur. Le syndrome "grandes écoles" et les puissantes associations d’anciens dont est issue la grande majorité des managers hexagonaux expliquent sans aucun doute ces résultats.
La réussite? Sarko en France, Bill Gates en Allemagne
Et ce n’est d’ailleurs par un hasard si les Français sont les seuls à estimer que le diplôme est également une condition importante pour réussir. Autre particularité : Nicolas Sarkozy est la première personnalité symbolisant la réussite citée par les cadres sup tricolores quand leurs homologues allemands et russes préfèrent Bill Gates, et les Britaniques Richard Branson. Une réponse capable de redonner du baume au cœur du président français toujours au plus bas dans les sondages? On en doute.
* 3 000 CSP+ ont été interrogés dans 10 pays: Allemagne, France, Grande-Bretagne, Russie pour l'Europe, mais aussi Inde, Chine, Maroc, Etats-Unis, Brésil et Singapour.