Le ministre britannique du budget, George Osborne, a dévoilé hier le budget 2011-2012. Pas de surprise majeure pour un plan vivement critiqué de toutes parts si ce n'est une baisse homéopathique du prix de l'essence. Les observateurs regrettent surtout que le gouvernement n’ait pas prévu de plan B.
"C'est toujours la même chose avec les Tories: ça fait mal et ça ne marche pas !" Le leader de l’opposition travailliste Ed Miliband n’y est pas allé par quatre chemins pour qualifier le budget présenté mercredi par le responsable des finances.
Après avoir présenté George Osborne comme "le mauvais genre de chancelier de l’échiquier, dans le mauvais genre de gouvernement, avec les mauvaises priorités pour la Grande-Bretagne" dans une arène traversée par les cris de colère des parlementaires des deux camps, il a accusé le gouvernement "d’arrogance". Ed Milliband reproche au ministre du budget son incapacité à faire marche arrière sur les questions économiques alors qu’il l’avait déjà fait peu avant sur d'autres points de sa politique.
Revenir sur les coupes budgétaires "serait une énorme erreur" avait déclaré dimanche George Osborne lors d’un entretien télévisé.
Nous perdrions de la stabilité économique. Nous retournerions dans le désordre de savoir ce qui arriverait aux notes attribuées au crédit britannique. Cela n’arrivera pas,
affirmait le grand manitou de l’économie britannique.
Hypocrisie
Ces dernières semaines, les sondages montraient que l'augmentation du prix de l’essence – dont le prix a grimpé de 3 pence depuis janvier – était devenue la principale préoccupation des électeurs. George Osborne a donc annoncé le gel des hausses de taxes prévues en avril et la baisse immédiate d'un penny par litre (soit environ 1,15 centime d'euro) de la taxe actuelle. Un tour de passe-passe inacceptable pour l'opposition.
Il a le culot de demander aux gens de le remercier pour leur avoir rendu une fraction de l’argent qu’il leur a pris !"
estime Ed Miliband.
Discours de Ed Miliband à la Chambre des Déptutés en réponse à l'annonce du budget
(23 mars)
La direction prise par George Osborne et, surtout, l'absence de plan B sont critiquées par de nombreux économistes, associations d’employeurs et syndicalistes.
Pari risqué
Pour que sa politique réussisse, George Osborne a, en effet, besoin d’une croissance forte. Il a annoncé 490 000 suppressions de postes dans le service public d’ici à 2014 et compte sur le secteur privé pour prendre la relève.
Or, l’économie nationale se trouve sur une mauvaise pente : elle s’est contractée de 0,6% lors du dernier trimestre 2010 et le responsable des finances a revu sa prévision de la croissance pour 2011 à la baisse de 2,1% à 1,7% – avant 2,5% en 2012 puis 2,9% dès 2013. "Une prévision très optimiste" selon l’économiste en chef de Capital Economics, Jonathan Loynes.
Même les entrepreneurs sont mécontents
Par ailleurs, l’explosion de l’inflation à 4,4% en février (contre un objectif gouvernemental de 2% sur l’année) touche déjà très fortement les foyers les plus fragiles, comme l’avait expliqué le gouverneur de la banque d’Angleterre, Mervyn King. Cette explosion de l'inflation signifie plus généralement une baisse du niveau de vie importante pour tous les fonctionnaires. Leurs salaires ont été gelés l’an dernier, et ce pour trois ans : ils devraient ainsi perdre au moins 10% de leurs revenus réels.
Afin de satisfaire les entrepreneurs et pour les encourager à être optimistes malgré ces conditions difficiles, George Osborne a décidé d’accélérer la réduction de la taxe patronale : la baisse sera de 2% à 26% d’imposition, alors qu’elle devait n’être réduite que de 1% par an jusqu’en 2015. Cela n’empêche pas 46% des petites et moyennes entreprises nationales d’estimer que les mesures prises depuis le changement de gouvernement se sont avérées mauvaises pour leurs affaires. Une véritable gifle donnée par une frange de la population qui vote en majorité conservateur.
Ras le bol
Au lendemain du discours de George Osborne, la colère l’emportait dans les quartiers populaires de l’Est de Londres. John, auto-entrepreneur dans la construction, est révolté:
Regardez, le pays a collecté 74 millions la semaine dernière lors de la journée des œuvres caritatives. Cet argent, c’est avant tout nous, les gens normaux, qui le donnons. En échange, leurs coupes budgétaires réduisent les services auxquels nous avions droit. Vraiment, ce qui se passe dans ce pays est scandaleux.