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Politique sécuritaire: les étudiants étrangers indésirables

mardi, 29 mars, 2011 - 15:23

Le gouvernement britannique veut diminuer de 25 % le nombre de visas accordés aux étudiants étrangers. Cette mesure prise au nom de la lutte contre l’immigration est un sérieux handicap pour les universités d’outre-Manche.

La Grande-Bretagne va-t-elle continuer à caracoler dans le peloton de tête des pays attirant le plus d’étudiants étrangers ? Sa deuxième place, juste derrière les Etats-Unis, est aujourd’hui menacée. D’abord pour des raisons internes : Le pays vient de décider de diminuer de 25 % le nombre de visas accordés aux étudiants étrangers dans le cadre de sa politique de lutte contre l’immigration.

Les étudiants extra-communautaires représentent les 2/3 des demandes de visas. Ainsi 80 000 étudiants étrangers de moins que les années précédentes devraient être admis à poursuivre leurs études au Royaume-Uni lors de la prochaine année universitaire.

Aujourd'hui, sur les 369 000 étudiants non britanniques dont 262 000 viennent de pays non européens. Le prétexte? Selon le gouvernement, faire ses études dans les universités et écoles britanniques serait la principale voie empruntée par les candidats à l’immigration.

Le gouvernement a également choisi de limiter à deux ans, le nombre d’années pendant lesquelles les jeunes diplômés étrangers, une fois leur parchemin en poche, pourront rester dans le pays pour trouver un emploi sans avoir besoin de demander un visa de travail.

Le regroupement familial, comme les possibilités de trouver un job pour financer ses études en parallèle du suivi des cours seront, eux aussi, davantage encadrés. Par ailleurs, les postulants devront passer des tests pour mesurer leurs connaissances en anglais.

Barrières physiques et monétaires

L’adoption de ces mesures qui devraient entrer en vigueur dès avril prochain ne va pas sans poser problèmes : elles vont réduire les ressources non négligeables retirées par les universités de l’accueil d’étudiants étrangers et, notamment, de ceux en provenance de pays non européens qui paient des frais de scolarité supérieurs aux Européens et nationaux. Ce manque à gagner est d’autant plus problématique que les facs britanniques doivent faire face aux coupes budgétaires décidées par le gouvernement. 

Une grande partie d’entre elles ont ainsi été contraintes d'augmenter considérablement les frais déjà élevés de scolarité. Alors qu’une loi votée au parlement en décembre dernier leur recommandait de les élever de 3 350 livres à 6 000 livres par an voire exceptionnellement jusqu’à 9 000 livres, nombre établissements ont opté pour cette limite supérieure.

Ils limitent ainsi la casse financière, mais se tirent dans le même temps, une balle dans le pied en instant une barrière financière rédhibitoire pour des étudiants étrangers de haut niveau. D’autant que la Grande-Bretagne, qui a longtemps surfé sur la demande de formations en langue anglaise pour attirer les étudiants, n’est plus aujourd’hui la seule à proposer des cursus dans la langue de Shakespeare : les pays du Nord, de l’Est, mais aussi la France, se positionnent sur ce créneau.

La Chine en profite

Dans les milieux académiques, on ne manque pas de souligner ces contradictions : comment vouloir d’un côté jouer en première division en vantant les mérites des universités britanniques si, par ailleurs, les pouvoirs publics, comme les établissements eux-mêmes, multiplient les barrières tant physiques que monétaires imposées aux candidats ?

La baisse du nombre de visas, tout comme l’augmentation des frais de scolarité, pourraient également menacer des équipes de chercheurs britanniques dans des domaines aussi cruciaux que les biotechnologies, les sciences informatiques ou l’ingénierie dont certaines sont formées, pour l'essentiel, d’étrangers désormais jugés indésirables!

Les universités britanniques, aujourd’hui en première ligne, ne sont d’ailleurs pas les seules à s'inquiéter. Sur le marché mondial des formations, le British Council prévoit ainsi la fin à moyen terme de la prédominance des pays occidentaux.

La Chine, qui a déjà attiré 165 000 étudiants étrangers en 2010, compte en recevoir 500 000 en 2013. Une de leur principale cible : les étudiants africains qui, faute de visas, politiques sécuritaires obligent, voient se fermer les portes des universités anglaises mais aussi américaines ou françaises…
 




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