La petite ville asturienne d’Avilés a ouvert les portes de son centre culturel, première œuvre de l’architecte brésilien Oscar Niemeyer en Espagne, avec pour parrains Woody Allen ou Kevin Spacey. Meurtrie par par la crise industrielle, Avilés espère susciter le même engouement que Bilbao avec le musée Guggenheim.
Quatorze mille personnes ont assisté à sa "pré-inauguration". Woody Allen et son orchestre, le New Orleans Jazz Band, s’y produisaient. Un ministre, un secrétaire d’Etat, une chorégraphe de renom étaient présents lors de son inauguration le week-end dernier.
Non, ce n’est pas l’ouverture d’un nouveau Prado à Madrid ou à Barcelone, mais bien celle du centre culturel d’Avilés, une petite ville de 85 000 habitants de la province des Asturies dans le Nord de l’Espagne, à 482 kilomètres de Madrid.
Il ne s’agit toutefois pas d’une salle des fêtes lambda: le centre culturel international Óscar Niemeyer est, en effet, la seule œuvre en Espagne du génial architecte brésilien – à qui l'on doit, entre autre le Congrès national du Brésil (photo de gauche), à Brasilia et le siège du parti communistre à Paris. L’aura du grand maître a attiré à Avilés les plus grands artistes du monde, toutes disciplines confondues: le conseil consultatif international du Centre est composé rien moins que de Woody Allen, Paulo Coelho, Stephen Hawking et Vinton Cerf.
Programmation impressionnante
Quant à la programmation des prochains mois, elle est impressionnante: le metteur en scène américain Julian Schnabel y exposera de mai à septembre ses photos polaroïd grand format ; Gilberto Gil y chantera en juillet ; Sam Mendes y représentera son Richard III en septembre, avec Kevin Spacey comme acteur principal ; les chefs espagnols de renom international que sont Ferrán Adriá, Juan María Arzak et José Andrés passeront par le restaurant du centre, géré par les propriétaires d’un restaurant étoilé dans le guide Michelin.
Le cadeau de Niemeyer aux Asturies
Le centre Oscar Niemeyer prétend ainsi devenir une référence mondiale de la culture, une ambition impensable il y a cinq ans, quand Óscar Niemeyer a dessiné les contours de l’enceinte.
Il s’agissait d’en faire cadeau à la région des Asturies pour les vingt-cinq ans des prix "Principe de Asturias" qui avaient récompensé l’architecte brésilien près de vingt ans plus tôt. Un cadeau qui coûte cher: l’édification du centre a coûté 43 millions d’euros à la Principauté des Asturies.
Un projet audacieux
La question aujourd’hui est de savoir si la ville a les moyens de ses ambitions. Meurtrie par la crise industrielle, la ville devra trouver les ressources pour l’entretien du centre, de 44 000 mètres carrés (l’espace comprend un auditorium, une coupole, un espace polyvalent, un mirador et une place à ciel ouvert) et pour pouvoir continuer à produire une offre culturelle susceptible de dépasser les frontières asturiennes.
Une fondation a été créée qui peut recevoir des fonds non seulement publics mais aussi privés. Quant aux visiteurs, ils viendront surtout de la côte Nord de l’Espagne. Nous sommes à trois heures de Saint Sébastien. Et finalement, nous ne sommes qu’à quatre ou cinq heures de Madrid,
explique une porte-parole du centre.
Un effet Guggenheim?
Avilés a bon espoir. Les parallèles dressés entre la localité asturienne et l’exemple de Bilbao sont fréquents dans la presse. La cité basque a pu renaître de ses cendres à la fin du XXème siècle grâce à l’installation du musée Guggenheim, à l’architecture audacieuse (ci-dessous).
Comme pour Avilés, la crise de l’industrie avait brutalement frappé la ville basque qui a misé sur le développement des services à partir de la création du musée, sans tourner totalement le dos à sa vocation industrielle.
Le Guggenheim apporte 200 millions d’euros par an aux arcanes publics, selon une estimation de El Mundo. Le retour sur investissement (de 133 millions d’euros) a été rapide et prolifique. L’avenir dira si l’effet Guggenheim s’est reproduit à Avilés.