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Le Brésil prêt à secourir son ancien colonisateur portugais

mercredi, 30 mars, 2011 - 13:11

Le Brésil se dit prêt à venir en aide à un Portugal toujours aux prises avec une crise économique et financière sans précédent. Une stratégie de l'ancienne colonie à l'égard de son ancien colonisateur bien conforme aux intérêts de cette nouvelle puissance qui manifeste aussi sa méfiance à l'égard des interventions du FMI. 

"Nous sommes liés par un cordon ombilical, au sens propre du terme. Le Portugal n’est pas un partenaire quelconque. Culturellement et politiquement parlant, le Brésil est le fruit de ses grandes découvertes". Les déclarations de Dilma Roussef, la présidente du Brésil, soulignent les relations privilégiées qui unissent le Portugal, ancienne puissance coloniale et le Brésil, son ancienne colonie.

S'appuyant sur ce constat, la Présidente n’a pas hésité à proposer son aide au Portugal, pays Européen en difficulté. Mais, compte tenu des risques à ne pas faire courir à un bailleur "émergent", la banque centrale Brésilienne pose ses conditions: le Brésil n'achètera de la dette portugaise que si celle-ci est au moins classée « A » par les agences de notation.

Or le 29 mars dernier, à la suite des décisions du conseil européen sur le mécanisme européen de stabilité, le Portugal a vu une nouvelle fois sa dette dégradée par l’agence Standard & Poor’s (à BBB-). Les conditions ne sont donc pas réunies, même si Dilma Roussef a évoqué la possibilité de trouver une solution intermédiaire sous la forme d’achat de titres garantis notamment. Mais vu l’instabilité de la zone euro, toute intervention Brésilienne en faveur du Portugal risque d'être différée à octobre prochain, date retenue pour le sommet bilatéral luso-brésilien.

Une évolution Historique

En 2010, le Brésil est devenu officiellement la septième puissance mondiale, devant l’Italie. Considéré il y a peu comme un simple pays émergent, l'immense Etat sud-américain joue désormais dans la catégorie des "global players". Même si le pays n'est pas à l'abri des déséquilibres puisqu'il conjugue à la fois inflation élevée (6%) et forte appréciation du real (31% en deux ans).

Dans son jeu mondial, le Brésil "utilise" le Portugal à deux niveaux: sa qualité de membre de l'Union européenne dont Brasilia a fait depuis longtemps un partenaire privilégié; les excellentes relations de Lisbonne avec ses anciennes colonies africaines, stratégiques pour un Brésil en concurrence avec la Chine sur le continent noir.

La mise en garde de Lula

Et puis le Brésil ne voit jamais d'un bon œil les interventions du Fonds monétaire international dans les affaires économiques d'un Etat. Venu récemment à Lisbonne recevoir le prix Nord-Sud du Conseil de l’Europe, l'ancien président brésilien Lula da Silva a ainsi déclaré :

le FMI ne résoudra pas le problème du Portugal, pas plus qu’il n’a résolu celui du Brésil. Le FMI risque de rajouter des problèmes.

Et Lula de suggérer implicitement au Portugal de compter davantage sur l’Europe. Or, a l'instar de ce qui s'est passé pour la Grèce, les opérations de sauvetage financier de l'Union européenne s'accompagnent d'un co-financement substantiel du Fonds monétaire.

Toujours est-il que, malgré les dernières prévisions économiques pessimistes de la banque centrale portugaise, le premier ministre portugais démissionnaire, José socrates, a réaffirmé son intention de ne pas solliciter d’aide extérieure.




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