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L’Allemagne, terre promise de la main d’œuvre polonaise

jeudi, 31 mars, 2011 - 10:54

Près d’un demi-million de Polonais pourraient trouver un emploi en Allemagne cette année. Une migration massive, à la recherche de meilleurs salaires. Qui ne profitera durablement qu'à la main d'oeuvre hautement qualifiée.

Le 1er Mai, l'Allemagne et l'Autriche ouvriront entièrement leur marché du travail aux Polonais. Les entreprises allemandes et les agences de travail temporaire polonaises ont déjà commencé à recruter. Et, selon différentes prévisions, entre 300 000 et 500 000 Polonais trouveront un emploi de l'autre côté de la frontière, en raison du  manque en main d’œuvre en Allemagne et du manque de mobilité des employés allemands.

Si ces chiffres restent bien inférieurs aux deux millions de Polonais partis il y a quelques années travailler dans les îles britanniques et en Scandinavie, la migration vers l’Allemagne impressionne.

Des emplois mieux rémunérés

"Cela concerne notamment les emplois dans la production. Nous sommes sollicités par les organisations professionnelles de commerce et d’artisanat, les agences d’intérim et les employeurs", reconnaît Anna Kadrymowicz de la Chambre de commerce polono-allemande (CCPA), citée par le quotidien polonais Rzeczpospolita.

L’ambassade d’Allemagne à Varsovie et le consulat polonais à Berlin confirment et se disent "inondés" par les demandes des Polonais – des chômeurs aux étudiants en passant par la main d’œuvre spécialisée et à la recherche d’un emploi mieux rémunéré.

"On parle d’un véritable Eldorado derrière l’Oder [le fleuve frontière]", déclare Artur Ragan de l’agence d’intérim Work Express à Wroclaw, en Basse Silésie. Son agence, qui recrute depuis plusieurs années des Polonais pour les entreprises en Allemagne, vient de recevoir plus de 800 offres d’emplois de la part de la CCPA pour la seule région d’Aachen.

Apprendre l'allemand

Les offres sont notamment destinées aux ouvriers du bâtiment, de l’hôtellerie, de la restauration et des travaux saisonniers. Les propositions des entreprises allemandes sont à première vue alléchantes: selon les estimations des agences Antal International et Work Express un ouvrier du bâtiment gagnerait en moyenne en Allemagne de 1 500 euros à 2 300 euros, contre à peine 350 euros à 750 euros en Pologne.

"Mais après une première vague d’émigration des spécialistes, ce sera la main d’œuvre hautement qualifiée maîtrisant la langue allemande qui trouvera à long terme un bon emploi avec une rémunération très intéressante", précise Artur Ragan. Aujourd’hui déjà, les agences et les employeurs organisent des cours et des formations en allemand pour les spécialistes à la recherche d’un emploi et les étudiants en quête d’un stage dans une entreprise allemande.

Toujours selon les estimations des deux agences, les architectes, les ingénieurs et spécialistes du secteur informatique ayant au minimum trois ans d’expérience et gagnant de 1500 euros à 2500 euros en Pologne peuvent compter sur un salaire de 4 000 euros à 6 000 euros en Allemagne. De quoi expliquer cet intérêt des Polonais pour le marché du travail allemand.

Prudence

Mais cette migration inquiète certaines entreprises polonaises installées… en Allemagne (dans le seul Berlin plus de 6 000 entreprises polonaises sont déclarées, le cinquièmes des entreprises étrangères dans la capitale allemande). "Effectivement, nous nous attendons à une concurrence plus aiguë", reconnaît Jaroslazw Wasilewski, directeur de la société Polbau à Wiesbaden, encore cité par le quotidien Rzeczpospolita.

Les agences de recrutement et l’administration polonaise tempèrent également l’optimisme de ceux qui pensent trouver une terre promise en Allemagne, soulignant que les exigences sur le marché du travail en Allemagne, où l’on exige un diplôme ou un certificat de qualification pour pratiquement chaque poste, sont très pointues.

Fini le temps où les Polonais étaient prêts à partir travailler en Allemagne ne serait-ce que pour récolter des betteraves. Bon nombre de Polonais restent prudents.

"Ne t’attends pas à un paradis"

L’enthousiasme de ceux qui s’apprêtent à faire leurs valises est tempéré par des dizaines de témoignages de ceux qui, après plusieurs années passées en Allemagne, disent : "je gagne ici à peine 800 euros, la vie n’est pas en rose".

"Si tu comptes rester en Allemagne, ne cherche pas de travail en dessous de 1 500 euros", confirme marco31, un internaute résidant en Allemagne sur un portails internet polonais . "Ici, rien n’est donné. J’habite en Allemagne depuis vingt ans et travaille dans une usine d’aluminium. On travaille les samedis, les dimanches et les jours de fêtes. Ne t’attends pas à un paradis", conclut un autre internaute.




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