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L’immigration donne un coup de lifting au « Vieux Continent »

samedi, 2 avril, 2011 - 06:47

Une Europe plus diversifiée qui a la bougeotte. Un rapport de l’Institut européen des statistiques, Eurostat, publié le 1er avril, montre que l’immigration est le principal facteur de croissance de la population dans les 27 pays membres. Une cure de jouvence pour le "Vieux Continent".

L'Europe est un continent ouvert sur le monde, n'en déplaise aux xénophobes en tous genres. Selon Le rapport 2010 sur la démographie publié le 1er avril par l’Institut européen des statistiques, Eurostat, l’Union européenne n’a jamais été aussi diverse et mobile. Entre 2004 et 2008, elle a accueilli entre 3 et 4 millions de personnes par an. A tel point que l’immigration est devenue le principal moteur de croissance démographique des 27 pays membres.

Les 32,4 millions d’étrangers, dont 12,3 millions de citoyens européens, représentent 6,5% de la population en 2010. Ce métissage grandissant est particulièrement visible au travail : en 2060, plus de 25% des actifs de l’UE seront des travailleurs nés ou ayant un parent né dans un Etat différent de leur lieu de résidence, contre 15% en 2008.

Les jeunes migrants, arme antirides

Pour effacer les signes d’un vieillissement démographique, le "Vieux Continent" détient trois armes antirides d’après l’étude. Il s’offre une nouvelle jeunesse : les immigrés adultes instruits de 20 ou 30 ans sont désormais dominants au sein de la population migrante. L’âge médian des immigrés plafonne à 28,4 ans en 2008, contre 40,6 pour tous les ressortissants de l’UE. Les 25-34 ans s’installent au-delà des frontières nationales pour des périodes courtes, le temps de leurs études ou d’une expérience professionnelle. Cette génération a ainsi développé des liens plus étroits que leurs aînés avec l’extérieur. Résultat, selon Eurostat :

alors que les groupes de jeunes étrangers entrent progressivement dans les cohortes nationales plus âgées, l’ensemble de la population rajeunit et la diversité s’accroît.

Deuxième remède contre le tassement de la mobilité, l’immigration des femmes. Elles sont de plus en plus nombreuses à quitter leur pays. Si certaines rejoignent leurs conjoints, la majorité s’établit dans l’UE après avoir accepté un poste, souvent dans le domaine des services. Elles devancent parfois les hommes : 28% des femmes nées hors de leur pays d’accueil sont très qualifiées, contre 25% des hommes. Et les femmes migrantes sont plus nombreuses à provenir de pays extra-européens: 26% contre 24%. Certaines nations comme la France, l’Italie, l’Espagne et Chypre ont accueilli plus de représentantes du sexe féminin que d'hommes.

Un pouvoir de séduction renouvelé

L’Union européenne fait également peau neuve grâce aux changements d’origine et de destination des flux. Si les pays méditerranéens tels que l’Italie et l’Espagne ont perdu de leur attractivité, l’Irlande a connu le bouleversement le plus important en devenant une terre d’accueil cotée. Une tendance renversée par la récession de 2008.

Bien que touchés par l’émigration, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni abritent le plus grand nombre d’étrangers en 2010, avec respectivement, 7,1 millions de citoyens, 4,7 millions et 4,4 millions. Viennent ensuite l’Italie (4,2 millions) et la France (3,8 millions). Ces cinq pays regroupent près de 80% des immigrés. En tenant compte de la proportion de migrants dans la population totale de chaque pays, le Luxembourg arrive en tête avec 43%, suivi de la Lettonie (17%), l’Estonie et Chypre (16%) et l’Espagne (12%).

Le rapport souligne par ailleurs l'intégration assez rapide des immigrés de seconde génération:

dans la plupart des pays disposant d’une proportion substantielle d’immigrés de la seconde génération, ceux-ci réussissent nettement mieux sur le plan de l’éducation tout comme sur le marché du travail que les immigrés de la première génération et presque aussi bien que les individus sans origine étrangère.

De quoi voir émerger des citoyens "sans frontières". "L’évolution des schémas migratoires et de la mobilité en Europe rendent le sentiment national relatif à l’appartenance à une nation particulière plus diffus et complexe." En gommant les lignes entre Etats, ces nouvelles connexions permettront de "créer une société plus unie et inclusive". Un lifting réussi et durable pour un continent finalement pas si "vieux".




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