Demandeurs d’asile en 2010
L'Union européenne a reçu moins de demandes d'asile en 2010, selon le dernier rapport du Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU. Si l'Europe du Sud enregistre une baisse de 33% en un an, d'autres pays comme la France et l'Allemagne, continuent d'attirer toujours plus de réfugiés.
La baisse du nombre de demandes d’asile déposées dans 44 pays industrialisés en 2010 par rapport à 2009 est de 5%. Une réduction qui s’élève à 42% sur 10 ans, selon le dernier rapport du Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) publié le 28 mars. Cette tendance est particulièrement visible en Europe du Sud.
L’Albanie, Chypre, la Grèce, l’Italie, Malte, le Portugal, l’Espagne et la Turquie représentent un recul de 33% en un an. Certains ont mis en place des mesures visant à mieux contrôler l’arrivée de réfugiés. Résultat: des diminutions respectives des demandes en 2010 de 36% pour la Grèce, 53% pour l'Italie et même 94% pour Malte. L’Italie est ainsi passée de la 7ème à la 14ème place des pays d’accueil après l’accord signé avec la Libye en 2009, qui prévoit de renvoyer les bateaux vers les côtes libyennes.
La France, première destination d'asile en Europe
Si l’Union européenne n’a reçu que 235 900 demandes d’asile, ce qui représente une baisse de 5%, certains Etats restent très attractifs. La France se classe ainsi en deuxième position du classement, derrière les Etats-Unis, avec 47 800 nouvelles requêtes en 2010. Les Bangladais, Haïtiens et Géorgiens sont les principales nationalités à l’origine de cette hausse de 13% par rapport à l'année précédente.
L’Allemagne arrive juste derrière, avec une augmentation de 49%. Parmi les 41 300 demandes, les Serbes, les Macédoniens et les Roms sont bien représentés. Les Serbes ont également fortement contribué à la poussée de 32% enregistrée par la Suède. Leur nombre a quadruplé, passant de 1 800 à 7 900 en 2010 sur un total de 31 800 demandes. Autres Etats membres parmi les dix premiers du classement du HCR, le Royaume-Uni à la 6ème place (22 100), suivi de la Belgique (19 900) et des Pays-Bas (13 300).
Un trompe l'oeil accomodant
Cette liste ne tient pourtant pas compte de la part des réfugiés dans la population de chaque pays.
La France clame souvent qu'elle est le premier pays d'accueil des demandeurs d'asile : c'est vrai dans l'absolu, mais pas en proportion de sa population, où elle est plutôt mal classée. Tandis que Malte, la Grèce, la Pologne et les autres pays à l'Est et au Sud de l'Europe en accueillent énormément en proportion de leur population,
explique Serge Slama, maître de conférences en droit public à l’Université Evry-Val-d’Essonne, dans une interview au site Touteleurope.eu.
Un régime d’asile européen commun (RAEC), garantissant une meilleure répartition des réfugiés entre les Etats membres, prévu pour fin 2010, avait été gelé par le couple franco-allemand. Selon Serge Slama, "les raisons de ce blocage sont évidentes : si on rééquilibre la charge des demandeurs d'asile en Europe, des pays comme l'Allemagne, la France ou le Royaume-Uni (…) vont devoir en accueillir beaucoup plus."