Nick Clegg, n’est pas un « sac de sable »
Mal en point dans les sondages, attaqué de toutes parts, le vice-Premier Ministre centriste britannique a des états d'âme et entend se démarquer des conservateurs. Mais contrairement à Jean-Louis Borloo en France, il n'envisage pas un cavalier seul.
"Nous ne nous considérons pas comme des amis et je ne pense pas que ce serait très sain si nous essayions de devenir potes". Le leader du parti libéral-démocrate et Premier ministre adjoint Nick Clegg veut être, une fois n'est pas coutume, clair et net: même s’il mène la coalition gouvernementale avec le Premier ministre conservateur David Cameron, les deux hommes ne sont pas proches.
Interviewé par le magazine britannique The New Stateman sur les somptueux dîners organisés par le Premier ministre, il explique que ce n'est pas sa tasse de thé, loin de là:
Parlez-en à Dave. Je ne traîne pas aux soirées qu’il organise dans sa maison de campagne dans l’Oxfordshire. Ce n’est pas mon monde. Ce ne deviendra jamais mon monde.
Depuis l’annonce des mesures gouvernementales en matière de coupes budgétaires, Nick Clegg et son parti sont devenus la risée du monde politique pour s’être faits piégés par les conservateurs.
Le parti godillot ne botte plus les électeurs
Le parti libéral-démocrate est perçu comme un parti godillot incapable de s'affirmer et prêt à avaler toutes les couleuvres au sein de la coalition gouvernementale pour rester associé au pouvoir. Il a, notamment, avalisé des choix contre-nature pour des centristes, notamment sur les tarifs des universités et la réforme des systèmes bancaires et de santé.
Les électeurs qui avaient été séduits par les libéraux-démocrates, alors présentés comme une alternative aux travaillistes et aux conservateurs qui dominent en alternance la vie politique outre-Manche, ne pardonnent pas à Nick Clegg de les avoir trompés: les libéraux se sont écroulés dans les sondages.
"Je souffre!"
Le responsable libéral-démocrate dit en souffrir: "Je suis un être humain, je ne suis pas un sac de sable pour boxeur, bien-sûr que j’ai des sentiments". Mais il rappelle que diriger une coalition n’est pas chose aisée :
Je ne pense pas qu’une coalition fonctionne à moins qu’il n’y ait un fin équilibre entre respect mutuel, civilité et aussi une certaine dureté car au final vous représentez des vues différentes. (..) Il y a ainsi de nombreux secteurs sur lesquels nous ne sommes clairement pas d’accord.
En particulier l’Europe, les impôts et la réforme du système de vote, soumise à un référendum le 5 mai prochain. Si Nick Clegg assure ne pas vouloir faire de la politique toute sa vie, les électeurs pourraient le pousser à changer de carrière bien plus rapidement que prévu.