Le Front national se veut désormais présentable. Son programme économique présente pourtant de nombreuses similitudes avec les mesures mises en œuvre par le parti nazi entre 1933 et 1937, comme nous l'avons découvert...
A 20% dans les sondages, il devient difficile de qualifier le Front National de parti "extrémiste". Sous la houlette de sa nouvelle dirigeante, Marine Le Pen, le Front National se présente comme un parti comme les autres, gommant de son discours et de son programme toute référence scabreuse à l'antisémitisme ou à la haine de l'autre.
C'est bien pourquoi personne ne saurait plus, sans mauvaise foi, assimiler les thèses du Front National au fascisme et encore moins au nazisme. Du moins en ce qui concerne la politique ou l'idéologie.
Et lorsque l'on se penche sur les grandes orientations économiques du Front présentées il y a quelques jours, on ne peut que souscrire aux propos de Marine Le Pen: "il ne sera plus justifié de qualifier notre projet économique de 'fantaisiste', 'simpliste', 'ringard' ou de je ne sais quel adjectif péjoratif".
S'affranchir des dogmes
De fait, ces orientations font apparaître une cohérence et une audace certaines dans la volonté de lutter contre les conséquences de la mondialisation, quitte à s'affranchir d'un certain nombre de dogmes réputés incontestables comme l'euro, le libre-échange ou le non-interventionnisme étatique.
Mais si l'on veut absolument qualifier ce programme, le seul adjectif qui paraît devoir s'appliquer est… hitlérien. Oui, sans faire de basse polémique et sans forcer exagérément le trait, on est fondé à affirmer que le programme économique 2012 du Front national s'inspire directement des politiques économiques mises en œuvre par le parti nazi entre 1933 et 1937, notamment par celui qui fut le ministre de l'économie d'Adolf Hitler de 1934 à 1937, Hjalmar Schacht.
Pour l'essentiel, on peut constater que les trois grands axes de cette politique sont communs. Le premier traduit la volonté de se protéger des influences extérieures afin d'avoir la pleine maîtrise de ses orientations financières, monétaires, industrielles ou commerciales. Pour le Front national, cela s'appelle se "réarmer face à la mondialisation"; pour les nazis, c'est se donner les moyens de l'autarcie économique.
Deuxième axe, la volonté de contrôler l'activité économique et d'encadrer le capitalisme. La politique de réindustrialisation défendue par Marine Le Pen, son projet de création d'un pôle public bancaire font écho à l'économie de cartel progressivement mise en place par Schacht et au rôle d'impulsion des chambres de commerce régionales.
Parallélisme n'est pas identité
Enfin, troisième axe, il y a une volonté chez Le Pen comme chez Hitler d'appuyer le développement économique sur le peuple: améliorer le pouvoir d'achat, encadrer la redistribution des profits des entreprises, mettre un terme à l'arrivée de travailleurs immigrés.
Bien sûr, parallélisme ne veut pas dire identité, ne serait-ce que parce que la France et le monde de 2011 ne sont pas l'Allemagne et le monde des années trente. Bien sûr, ce n'est pas la même chose de proposer un arrêt de l'immigration ou de promouvoir l'aryanisation, c'est différent de pousser les ainés au travail ou de supprimer l'âge légal de la retraite. Et bien sûr Hitler ne pouvait proposer de sortir de l'euro. Mais il l'aurait évidemment fait si la monnaie unique avait existé.
Reste que la philosophie économique est la même. Et certain, au Front national, brûleraient peut-être – mais c'est vraiment très politiquement incorrect… – de rappeler que la politique économique des nazis fut un plein succès du point de vue de la croissance, de l'éradication du chômage, du pouvoir d'achat et de l'efficacité industrielle.
Mais en ces temps ou les références idéologiques se brouillent, il n'est peut-être pas inutile de rappeler que l'extrême droite s'appuie sur des constantes: le peuple contre les élites, l'ordre plutôt que la liberté, la vie entre soi et la méfiance de l'autre.
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