A Lisbonne, on regarde avec méfiance la Finlande où le parti ultra conservateur des "Vrais Finlandais" a effectué une importante percée avec 19% des suffrages aux législatives de dimanche. Un parti qui est opposé à l’aide européenne pour sauver le Portugal.
Le "petit poucet" portugais attend les cailloux de l’aide européenne pour retrouver le chemin de la stabilité économique. Mais il ne veut surtout pas recevoir des jets de pierre agressifs. Pourtant, depuis la demande officielle de secours lancée par le Portugal le 6 avril dernier, le pays, membre de la zone euro depuis 1999, doit encaisser des remarques désobligeantes de la part de groupes plus ou moins constitués appartenant à l’Euroland.
Pas vraiment solidaires
En Finlande, le ton a monté en puissance avec les "Vrais Finlandais", le parti ultra conservateur dirigé par Timo Soini, qui se dit vertement opposé à une aide au Portugal. Le parti populiste entend bien faire la différence au scrutin des législatives de dimanche 17 avril, et imposer son point de vue au futur parlement sur la question Européenne.
A Lisbonne, on évoque les "effets collatéraux" que le choc météorique des Pursut (PerusSuomalaiset, les "Vrais Finlandais") pourrait provoquer dans la politique finlandaise et, par ailleurs, dans la politique européenne. Le milliard d’euros (1,2 milliard plus vraisemblablement) que le Parlement finlandais devra débloquer dans le cadre du Fonds de stabilisation européen d’aide au Portugal – qui a besoin de 80 milliards d’euros pour se renflouer et faire face à ses échéances de remboursement de dette souveraine – fait grincer des dents toute une frange de la population finnoise.
Un risque relatif
Les Pursut qui labourent sur les terres des "déçus de l’Europe" sont en passe de pouvoir constituer un bloc important dans le Parlement finlandais qui sortira des urnes dimanche. Ils prétendent à obtenir entre 25 et 30 députés. Et même si la coalition de centre droit actuellement en place est favorite dans les sondages, il faudra désormais compter avec la voix de l’euroscepticisme finlandais.
Le gouvernement sortant portugais n’a pas caché son inquiétude face à la montée de cette opposition à l’Europe en Finlande. Au point de conduire Pedro Silva Pereira, influent ministre de la Présidence (porte-parole/secrétaire général) d’appeler au "bon sens" du prochain gouvernement d’Helsinki.
La situation observée sur les places financières en ce qui concerne la dette souveraine exige une réponse concertée en Europe, faute de quoi c’est le propre projet Européen qui en pâtira",
a-t-il déclaré à l’issue d’un conseil des ministres exceptionnel consacré à la crise au Portugal
Menace pour l'Europe
Un "non" finlandais à une participation au Fonds de Stabilisation de l’Euro ne remettra pas en cause l’aide au Portugal. La solution retenue serait alors le prêt bilatéral direct comme pour la Grèce. Concrètement, l’aide serait attribuée, le FMI devant garantir 1/3 des 80 milliards d’euros estimés nécessaires pour remettre le Portugal à flot et la Commission Européenne disposant d’un fonds de secours "immédiat" de l’ordre de 38 milliards d’euros.
Reste que c’est bien le modèle européen actuel qui pourrait sortir fragilisé. Car s’il y a relativement peu de chances que la Finlande refuse l’aide, en revanche, elle peut s'opposer, sous l’influence des populistes Persut, à l'ouverture plus large des cordons de la bourse. Or si le FESF – le Fonds de secours financier temporaire de la zone euro – n’arrive pas à lever 440 milliards d’euros pour soutenir les pays membres de l’Union en difficulté, c’est effectivement l’édifice Europe qui risque de se fissurer.
Au Portugal, pays euro-convaincu, on voudrait surtout un peu de solidarité : le bateau prend l’eau, et sans le calfatage de l’UE, le naufrage sera difficile à éviter.
(Article actualisé lundi 18 avril à 9h 15 avec les résultats définitifs des élections finlandaises)