Le parti nationaliste des "Vrais Finlandais" est devenu la troisième force politique du pays. Un succès pour son leader Timo Soini, qui a fait de la lutte contre l'immigration et du rejet de l'UE ses thèmes de campagne. Participera-t-il au gouvernement?
Un raz-de-marée et un tsunami politique : les "Vrais Finlandais" ont multiplié leur score par cinq et obtiennent 39 sièges sur 200 au Parlement – 34 de mieux qu'en 2007. L’ancien plus petit parti parlementaire n’a, certes, pas remporté dimanche les élections législatives, mais il devient la troisième force politique du pays, derrière les conservateurs (Kokoomus) et le Parti social démocrate (SDP).
"Parfois, cela paie de tenir à ses convictions même si l'on se heurte à des obstacles et même si l'on est raillé", a lancé Timo Soini, le charismatique leader des Vrais Finlandais à ses partisans. "Nous avons désormais un député dans chaque circonscription !", s'est-il félicité. Lui-même a été élu député de la région d’Helsinki.
Sanction
Le parti nationaliste et populiste est le seul à enregistrer des gains ; toutes les autres formations sont en recul, plus ou moins accentué. Les conservateurs lâchent six sièges, le SDP recule de trois.
Les Centristes (Keskusta) perdent encore plus gros: le premier parti du pays, jusqu'aux élections de dimanche, abandonne le tiers de ses députés (passant de 51 à 35 sièges). C’est une sanction très sévère pour ce parti dont la présidente – Mari Kiviniemi – est l’actuel Premier ministre.
Ne pas payer pour les mauvais élèves
Les grands thèmes de campagne des Vrais Finlandais ont donc fait mouche. Alors même que la Finlande est un des pays de l’UE qui accueille le moins d’étrangers extra-communautaires sur son sol (moins de 3% de la population totale), le refus d’une immigration "libre" est actuellement un thème porteurs.
Le parti populiste a également joué – et gagné – sur le rejet de l’Europe. Trop de Finlandais ont la sensation d’être les "dindons de la farce" européenne : ils regrettent que leur pays, qui gère fort bien ses finances publiques, soit obligé de continuellement porter secours aux "mauvais élèves" de l’UE (Grèce, Portugal et demain, craignent-ils, l’Espagne, l’Italie ou même la France).
Le parti des Vrais Finlandais s'est ouvertement prononcé contre toute intervention du Fonds européen de solidarité financière (FESF) en faveur de Lisbonne. "Ces mesures, je ne crois pas qu'elles seront maintenues", a assuré hier soir Timo Soini au media YLE. Le rapport de force lui est favorable. Qui plus est, à la différence d'autres pays de la zone euro, le Parlement finalandais a le droit de se prononcer sur le financement des plans de sauvetage de l'UE.
Condamné à rester dans l'opposition ?
Un parti aussi ouvertement eurosceptique peut-il entrer au gouvernement ? Ses prises de position le condamne-t-il à rester dans l’opposition ? Timo Soini entend participer aux négociations. Mais, la prochaine coalition gouvernementale pourrait compter avec le Kokoomus (44 sièges), les Socialistes (42), les Verts (10 sièges) et le RKP (9 sièges). Un telle coalition obtiendrait le vote de 105 députés sur 200, exactement le seuil requis pour former le futur gouvernement.
Toutefois, même dans ce cas de figure, il sera politiquement très difficile d'ignorer les Vrais Finlandais.
Le prochain Premier ministre devrait être issu des rangs du Kokoomus : Jyrki Katainen, l'actuel ministre des Finances et Alexander Stubb (ministre des Affaires Étrangères), deux ténors conservateurs, sont pressentis. Le Kokoomus a déjà été à la tête de plusieurs gouvernements, mais il n'avait jamais représenté la première force au Parlement.