Comme en 2011, les fonctionnaires français ne bénéficieront pas d'une augmentation générale de leur traitement en 2012. Ils sont toutefois mieux lotis que leurs homologues britanniques, italiens et surtout espagnols. En revanche, la rémunération des fonctionnaires allemands continue de progresser.
En période d’austérité, les fonctionnaires servent en priorité de variable d’ajustement. Réductions de postes ou gels des salaires sont au menu, le plus souvent jusqu’en 2012. De fait, un bon nombre de gouvernements européens ont choisi de couper d’abord dans le budget des administrations publiques pour réduire leur déficit public et leur dette.
En France, Il n'y aura pas d'augmentation générale pour les 5,2 millions de fonctionnaires l'an prochain, et ce, pour la deuxième année consécutive. Le point d’indice, qui sert de base au calcul du traitement des 5,2 millions de fonctionnaires de l’État, des collectivités et des hôpitaux, restera donc inchangé en 2012 comme il l’a été en 2011. Sa dernière hausse, de 0,5 %, remonte à 2010 et avait représenté un coût de 930 millions pour les finances publiques.
"C'est une mesure responsable vis-à-vis de nos finances publiques", a déclaré le ministre du Budget, François Baroin, pour justifier cette décision, évoquant les sacrifices imposés aux fonctionnaires en Espagne, en Italie ou encore au Portugal…
Les Français échappent au "gel", pas les autres
Bercy nuance également l’impact de cette mesure – o combien symbolique – en précisant que les augmentations générales ne pèsent guère plus que pour un quart dans la hausse du traitement des fonctionnaires. Il ne s'agit donc pas d'un "gel" des traitements, le ministre assurant que le pouvoir d'achat des fonctionnaires a « progressé de 10 % depuis 2007 », notamment grâce aux augmentations individuelles et aux primes.
En Italie, le salaire des fonctionnaires italiens a été gelé en 2010 et pour trois ans. Selon certaines sources, le manque à gagner (par rapport aux revalorisations "normales") est en moyenne de 1 700 euros brut par salarié sur la période. Les plus touchés seront les magistrats qui pourront perdre jusqu'à 18 000 euros bruts.
En Espagne, le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero a imposé dès 2010 une baisse moyenne de 5% du salaire des fonctionnaires. Léger mieux en 2011 puisque les traitements seront "simplement" gelés. Tous les fonctionnaires sont concernés à l’exception de ceux qui sont employés dans des entreprises publiques et dont la rémunération est établie dans les conventions collectives. A noter tout de même que le gouvernement s’est astreint lui-même à une cure d’austérité : il a décidé de se serrer la ceinture et de réduire le traitement des ministres de 15%.
Au Royaume-Uni aussi, les salaires des fonctionnaires seront gelés jusqu’à fin 2012. "Les fonctionnaires comprendront que cela leur permet de garder leur emploi", avait affirmé sans sourciller le chancelier de l’échiquier George Osborne en juillet dernier. Pour montrer son attachement aux conditions de vie des bas salaires, le gouvernement a toutefois accepté que les 1,7 million de fonctionnaires touchant moins de 21 000 livres sterling (soit 24 000 euros) annuels ne soient pas concernés. Leur feuille de paie devrait, à l’inverse, afficher 250 livres sterling (280 euros) de plus par an.
Heureux Allemands…
Une exception – mais est-ce bien une surprise -, l’Allemagne. En dépit d’un plan de rigueur de 80 milliards d’euros sur 4 ans décidé par Berlin, ni les fonctionnaires de l’Etat fédéral ni ceux des Länder n’ont vus leur salaire gelé. Au contraire : celui des premiers a été revalorisé de 0,6 % en janvier 2011 avec une prime de 240 euros. En août, une hausse supplémentaire de 0,5 % sera appliquée. Dans les Länder, la hausse sera en moyenne de 1,5 % cette année et de 1,9 % l’an prochain. Dans les deux cas, la revalorisation est malgré tout inférieure à l’inflation prévue cette année (2,4 %).
Pour les employés du service public non fonctionnaires, les négociations ont été difficiles, ponctuées de manifestations et, parfois, de grèves. Finalement, le syndicat Ver.di a oublié ses prétentions d’une hausse de 7 % sur deux ans. Les salaires seront revalorisés de 2,3 % en 2011 et de 2,55 % en 2012.