A l’Est, la croissance de nouveau
Stoppé net par la récession mondiale, le mouvement de rattrapage économique des pays d'Europe centrale et orientale repart. Sans créer des emplois pour autant. Le chemin est encore long en dépit de perspectives de croissance à faire pâlir d’envie les autres membres de l’UE.
Les tigres centre-européens seraient-ils de retour ? En 2011, soit deux ans et demi après le début de la crise, l’augmentation du PIB dans les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) pourrait faire pâlir d’envie les autres membres de l’Union européenne, selon une étude qui vient de publier la Banque mondiale.
Avec une croissance attendue de 3,1 % en 2011 et de 3,8 % en 2012, les anciennes démocraties populaires vont largement coiffer sur le poteau les anciens membres qui devraient se contenter d’une augmentation de 1,6 % en 2011 et de 1,9 % en 2012.
Retour de la confiance
Ces prévisions ont un goût de revanche pour la Roumanie ou pour la Lettonie, particulièrement touchées par la crise économique: les deux pays devant enregistrer en 2012 une progression de plus de 4 %. Sans parler de la Pologne qui avec une croissance de 4 % dès cette année complète le trio de tête.
Même la Hongrie, au bord de la faillite en 2009, relève la tête avec un PIB en hausse de 2,8 % en 2011 et de 3% en 2012. Portés par la croissance des exportations, les PECO devraient attirer de nouveau les investisseurs tandis que rassurées par cet élan, la population se remettrait à consommer.
Une croissance sans créations d’emplois
Brisé par la récession économique mondiale, le mouvement de rattrapage des nouveaux membres de l’UE va pouvoir ainsi se réenclencher. Reste que les prévisions que vient de publier l’institut autrichien WIIW (Institut viennois pour les études économiques internationales) ont de quoi doucher cet optimisme.
Selon ces experts, certains pays ont perdu entre 5 et 6 ans à cause de la crise et la reprise, si forte soit-elle, ne semble pas en mesure de ramener sur le marché du travail les 3,5 millions de chômeurs – soit 300 000 de plus qu’avant la crise – reconnaît d’ailleurs la Banque mondiale. Au mieux, le nombre de demandeurs d’emploi pourrait renouer avec les niveaux de 2008. Sauf en Estonie et en Lettonie où une baisse significative pourrait être enregistrée.
Chômage des jeunes
La situation est particulièrement difficile pour les jeunes (20-24 ans) dont le taux de chômage atteint 24 % contre 10 % en moyenne. Les moins qualifiés sont aussi à la peine: 20 % d’entre eux sont à la recherche d’un emploi. et pour les salariés les moins qualifiés.
Résultat: le chômage de longue durée augmente. Fin 2010, il était de 4 % dans ces 10 pays contre 2,5 % avant la crise. Ce taux est même supérieur à 7 % en Slovaquie, Lettonie, Estonie et Lituanie, les pays les plus touchés, ajoute la Banque mondiale.
Hausse du pouvoir d’achat
Si la reprise ne semble pas pouvoir réduire le nombre de sans emploi c’est parce que les entreprises entendent privilégier l’augmentation de la productivité par salarié plutôt que de recourir à des embauches. L’augmentation des salaires devrait quant à elle rester très modérée.
Toutefois entre 2005 et 2011, les coûts salariaux unitaires en euros ont augmenté de 88,1 % en Bulgarie, de 43,3 % en Slovaquie, de 30,9 % en Pologne contre 14% en Autriche, selon le WIIW. Malgré tout, ils restent encore en moyenne d’un tiers inférieurs à ceux pratiqués en Autriche.
Pour autant, les économistes autrichiens rappellent que le pouvoir d’achat des salariés des pays d’Europe centrale et orientale est plus proche de celui des salariés des pays d’Europe occidentale que ne pourraient le laisser croire le montant des salaires. En Slovénie, par exemple, le pouvoir d’achat d’un salarié représente 63 % du pouvoir d’achat d’un salarié autrichien.
Convergence ficale
L’écart est certes beaucoup plus important en Bulgarie où il reste inférieur de 70 % quand les salaires nominaux sont de 90% à ceux versés dans la République des Alpes. Les Bulgares bénéficient d’un avantage considérable: la différence entre le salaire brut et le salaire net n’est que de 17 % contre 50 % en Hongrie, République tchèque ou Slovénie, des niveaux proches de nombreux pays d’Europe occidentale.
C’est d’ailleurs, à quelques exceptions près, sur le dossier de la pression fiscale ou des cotisations sociales pesant sur les revenus du travail que le processus de rattrapage est le plus avancé.