Le Lib-dem a perdu de sa superbe. Avec une estimation de 15% des votes, le parti de Nick Clegg réalise son plus mauvais score depuis sa reformation en 1981. L’avenir est sombre pour le vice-Premier Ministre.
L’apprentissage du pouvoir s’avère compliqué pour le parti libéral-démocrate. Un peu moins d’un an après son arrivée dans la coalition gouvernementale, le parti dirigé par Nick Clegg a enregistré son plus mauvais résultat depuis sa reformation en 1981, lors des élections locales qui se sont tenues jeudi 5 mai. Après les 25% enregistrés lors de la précédente élection locale en 2006, il n’aurait réuni, cette fois, que 15% de votes. Une défaite cuisante.
Nick Clegg paye au prix fort le fait d'avoir oublié les origines de son parti. Il est issu de l’alliance en 1981 du parti libéral et du parti social-démocrate, tout juste formé par des parlementaires travaillistes opposés à la radicalisation du Labour et à l’influence interne grandissante des syndicats. Une part importante de ses fidèles se considèrent donc bien plus proches des travaillistes que des conservateurs.
La deuxième frange des ex-électeurs du lib-dem était composée des électeurs dégoûtés par les grands partis politiques traditionnels.
De beaux jours pour le bipartisme
Les coupes budgétaires et le revirement du parti sur la question des droits universitaires (multipliés par trois alors que Nick Clegg avait annoncé vouloir les éliminer) avec, en prime, la réforme du système de santé universel, n’ont fait qu’accentuer cette impression de trahison.
Dans sa chute, le leader libéral-démocrate a également emporté tout espoir de changement du mode de scrutin pour de très longues années. Les résultats du référendum sur le changement du mode de scrutin qui devaient être connus vendredi donnent le "non" vainqueur avec 70%. Un autre camouflet pour Clegg qui avait défendu sa réforme contre un Cameron très hostile. L'installation des libéraux démocrates ne prend pas: le bipartisme semble s'ancrer de nouveau, et pour longtemps, au Royaume-Uni.
Mais si la défaite des centristes était relativement attendue, le maintien des conservateurs l'était en revanche beaucoup moins. Le parti de David Cameron s’attendait clairement à une très sévère défaite. Avec 35%, les Tories n’ont perdu que 4% des votes par rapport à 2007 et surtout seulement 1,1% depuis l’élection générale de mai dernier.
Difficile de dire pour le moment si ses supporteurs soutiennent la politique économique de coupes budgétaires mise en place, ou si David Cameron a recueilli des votes des partis d’extrême droite suite à ses discours sur l’immigration.
Les travaillistes ne convainquent pas plus que ça
Une chose est en revanche certaine : le discours anti-coupes budgétaires et anti-gouvernement du leader travailliste Ed Miliband n’a pas su convaincre au-delà de ses propres frontières (mis à part les sympathisants libéraux-démocrates revenus au bercail). Les travaillistes ne remportent que 37% des votes, soit une avancée guère transcendante en ces temps difficiles par rapport à leur plus mauvais résultat historique de 2007 (25%).
Ils espéraient remporter une victoire bien plus large et rendre un véritable ascendant psychologique et moral sur le parti au pouvoir. A l’inverse, ce résultat ne fera que renforcer David Cameron dans ses convictions.