Un seul film américain est en compétition au Festival de Cannes cette année. Les blockbusters hollywoodiens, surtout ceux en 3D, séduisent toujours plus le public européen. Panorama en six scènes (dont une torride et une triste).
L’empire contre-attaque, et en 3D ! La grosse artillerie est de sortie et les blockbusters trustent les premières places du classement des meilleures entrées cinéma. Rien de bien nouveau sous le soleil (du grand Satan).
Un seul film estampillé US est inscrit au programme du Festival de Cannes (The Tree of Life de Terence Malik), qui ouvre ses portes. Pour autant, les grosses productions hollywoodiennes continuent de vampiriser – et pas seulement grâce à la saga Twillight – les écrans : leur part de marché ne cesse de progresser et ne représente désormais plus des trois-quarts du total (selon les chiffres de l'Observatoire européen de l'audiovisuel).
Complot américain
Au début de l'année, le réalisateur italien Marco Bellocchio disait à MyEurop tout le mal qu'il pense d'Avatar – de loin le film aillant enregistré le plus d'entrées (43 millions) en Europe en 2010. Il tonnait contre "un produit qui anesthésie le spectateur et pénalise la production européenne", incapable de mettre en œuvre les moyens économiques et techniques débloqués pour le film de James Cameron. Un constat sévère, excessif, mais qui traduit le malaise face au succès persistant des films à grand public américains.
Dans son film Hitler à Hollywood (actuellement à l'affiche), Frédéric Sojcher imagine un complot des studios de Los Angeles, prêts à tout pour dézinguer la production cinématographique européenne de l'après-guerre.
En 2010, le cinéma européen n'est (toujours) pas mort. Mais les spectateurs lui préfèrent encore les studios hollywoodiens. Retour en six scènes sur les derniers épisodes de cette histoire d'amour.
Scène 1 (torride) : Love story
Notre histoire commence comme une gentille comédie romantique, une love story une peu perverse entre les cinéphiles européens (parait-il) et les exploitants de salles. Ces derniers ont engrangé l’an passé 6,45 milliards d’euros de recettes, en hausse de 5% par rapport à 2009. Nouveau record, la Dolce Vita continue.
Scène 2 : Les ailes du désir
Notre histoire d’amour a du plomb dans les ailes (du désir). Le couple se voit de moins en moins : 966 millions de billets ont été vendus dans l’UE en 2010, c’est 1,6% de moins que l’année précédente. Les recettes ne progressent que parce que le prix moyen du billet augmente.
Scène 3 : La chevauchée fantastique
Tout nouveau tout beau, un peu de sang neuf pour relancer l’intérêt des spectateurs.
Les films 3D n’ont pas réussi à accroître la fréquentation en 2010. Ils ont néanmoins maintenu la fréquentation à son deuxième plus haut niveau depuis 2004 et fait progresser le prix moyen du billet d'environ 6,8 %,
analyse l’Observatoire européen de l’audiovisuel (OEA).
Scène 4 (qui fait peur) : Les vampires sortent du bois
Les parts de marché des films 3D ont augmenté considérablement sur les principaux marchés européens comme la France et l'Allemagne, où ils représentent 16 % et 17 % du total des entrées, alors qu’au Royaume-Uni et en Russie, ils représentent respectivement 24 % et 20 % des recettes brutes des salles.
Scène 5 (triste) : Les petits mouchoirs
L’augmentation spectaculaire de la part de marché des blockbusters 3D américains a contribué au recul de la part de marché des films européens, qui atteint son plus bas niveau depuis cinq ans.
Après une croissance régulière jusqu'à 28,3% en 2008, la part de marché des films européens dans l'Union européenne a diminué à 26,8 % en 2009 puis à 25,3 % en 2010
a calculé l’OEA. La part de marché des films américains est passée de 66,9 % à environ 68,0 %. De 2006 à 2008, elle était comprise entre 63 et 65 %.
Scène 5 bis (pour les spectateurs français) : "entraînés par le succès local 'Les petits mouchoirs', les films français sont, une fois de plus, les films européens à avoir attiré le plus grand nombre de spectateurs", précise l'OEA. Les films français comptent donc pour 9,4% des films projetés dans l'UE. Plus que les films italiens, allemands et britaniques réunis (voir tableau ci-dessus).
Scène 6 : Avatar
Ces superproductions en 3D, Avatar en tête, occupent dix des vingt premières places du classement des films qui ont généré le plus d'entrées en Europe l'an passé. Les dix autres films de ce "top 20" sont également des productions (ou, pour deux d'entre eux, des coproductions) américaines.
Clap de fin !