Dix mille jeunes français passent chaque année par le centre Charles Péguy lors de leur arrivée à Londres. Ils y trouvent un soutien logistique, pratique et moral dans un lieu ouvert en 1954 par des pères maristes.
Tiphaine Gazan regarde les annonces affichées au mur. Parmi les deux cents emplois proposés, elle épluche les cinq rangées destinées à la restauration.
Mon interlocuteur m’a indiqué comment changer mon CV pour qu’il corresponde aux critères locaux et j’ai déjà trouvé un logement grâce aux annonces postées ici,
explique l’étudiante montpelliéraine de 19 ans, en attente d’une remise à niveau en arts appliqués qui débutera en septembre.
Cela confirme ce qu’indiquent tous les forums Internet: il faut absolument s’inscrire au centre Charles Péguy pour rendre l’arrivée en Angleterre moins difficile.
Acclimatation en douceur
Créé en 1954 par le père mariste Yves Le Creurer, alors vicaire de Notre Dame de France, le centre guide les premiers pas en Angleterre des Français âgés de 18 à 30 ans. "Même si Londres est désormais toute proche de la France, l’installation ici n’est pas simple car les mœurs et attentes diffèrent énormément", assure Guillaume Dufresne, son directeur depuis 1983.
Les Anglais se fixent ainsi beaucoup moins qu’en France sur les diplômes, l’expérience et la couleur de peau des jeunes débutants, une heureuse surprise pour certains.
Le site Internet du centre reçoit de 15 000 à 20 000 visites par mois et ses quatre employés accueillent 10 000 personnes par an, dont un tiers de femmes. Ils en refusent un nombre similaire, faute de moyens suffisants. Le centre fonctionne grâce à la cotisation de 60 livres sterling (72 euros) de chacun des inscrits et à la subvention du Ministère des Affaires Etrangères, qui a pris le relais de l’Etat anglais pour permettre le maintien de ses services.
"Partir pour mieux revenir"
Pendant que Tiphaine Gazan recopie les annonces intéressantes, Olivier Vedel tapote sur son ordinateur. Connecté au réseau wifi du centre, il envoie un exemplaire de son CV en anglais et une lettre de motivation aux contacts que Constance Dupont, l’une des responsables des entretiens, vient tout juste de lui fournir.
J’ai quitté la France après mon Master 2 de gestion car il n’y avait pas de boulot et, tant qu’à quitter Marseille, autant partir loin ! En plus, je connaissais l’Angleterre car j’y ai terminé mon lycée. Le centre permet de ne pas se retrouver seul dans son coin, de garder la motivation pour rester organiser.
Malgré ses 25 ans, il cherche pour le moment un petit boulot afin de payer son loyer et assurer la vie au quotidien avant de chercher un emploi plus en rapport avec ses envies et ses compétences.
Mais pas forcément pour m’installer au Royaume-Uni à très long terme : partir permet aussi de mieux revenir…