La bioéthique inconstitutionnelle en Irlande
Au nom du droit à la vie inscrit dans la Constitution, aucune loi n'encadre la bioéthique en Irlande. La recherche embryonnaire et sur les cellules souches est interdite.
La bioéthique n'est pas au centre des débats en Irlande, bien au contraire. Ces dernières années, chaque propositions ou rapports à ce sujet ont provoqué des levées de boucliers des associations "pro-vie" encore très puissantes dans le pays. Elles ont, il est vrai, un allié de taille : la Constitution Irlandaise.
En effet, elle donne au "non-né" le droit à la vie, mais sans véritablement définir ce qu'elle entend par ce terme. Cet article très particulier dans une constitution vient du fait que le texte fondateur de la République Irlandaise accorde une grande place à la famille.
Cette importance donnée aux valeurs traditionnelles va de pair avec la puissance de l'Eglise Catholique en Irlande, lors de la création de la République. Aujourd'hui, cette importance est à relativiser. Les églises se vident, et les Irlandais n'accordent plus autant de crédit aux valeurs et aux discours religieux. Mais malgré ce recul notable, cet ancrage de la religion dans la société irlandaise est toujours au centre des polémiques concernant, notamment, l'avortement.
Suppression du conseil de la bioéthique
L'Irish Council of Bioethics a été crée en 2002 avec des fonds gouvernementaux. Mais les institutions ont décidé d'arrêter de financer ce conseil, qui a été supprimé à la fin de l'année dernière.
Pourtant des rapports ont été rendus régulièrement pendant les années d'existence du Conseil, mais ils ont très rarement été suivis de décisions politiques. Par exemple, en 2008, le Conseil a rendu un avis prônant la levée de l'interdiction sur la recherche embryonnaire et les cellules souches. Cette proposition n'a pas été véritablement prise en compte et la recherche sur les cellules souches est toujours interdite en Irlande.
Les gouvernements successifs ont souvent refusé de traiter ces questions de peur de choquer une partie de l'opinion publique. Ils ont généralement estimé que ces questions pouvaient attendre, faisant de l'Irlande un des pays les moins avancés en matière de bioéthique.