Le développement des énergies renouvelables rencontre des vents contraires en République tchèque, et plus encore en Bulgarie. Ces pays jusqu'alors en avance, font marche arrière au profit du nucléaire par crainte d'une augmentation du prix de l'électricité.
C’est l’histoire d’une succes story qui tourne au vinaigre : l’année dernière, la République tchèque à plus que quadruplé ses investissements dans l’énergie solaire. Avec une puissance de 1,4 GW installée, le pays s’est hissé sur la troisième marche du podium européen des Etats les plus avant-gardistes en la matière. Et ce n’est pas tout : la consommation par habitant d’énergie solaire est identique à celle enregistrée en Allemagne où sont recensées plus de 50% des installations du continent…
Prague risque toutefois d'abandonner le peloton de tête : une nouvelle réglementation serait dans les cartons visant à encadrer les nouveaux projets, les autorités craignant une saturation des réseaux de distribution.
Rétropédalage Tchèque
La République Tchèque n’est d’ailleurs pas la seule à rétropédaler. En Bulgarie, le parlement vient d’adopter une nouvelle loi qui risque d'enrayer le développement des énergies vertes. Ce texte réduit les conditions avantageuses accordées aux producteurs, personnes privées ou entreprises qui s’étaient lancées dans l’éolien ou le solaire.
Le nombre d’années pendant lesquelles ces investisseurs devaient bénéficier de tarifs préférentiels garantis va être réduit. Ils devront également s’acquitter d’une taxe, revue annuellement, pour utiliser les circuits de distribution nationaux. Enfin, chaque année, une commission se réunira pour définir sa stratégie : elle devrait fixer le nombre de nouveaux projets autorisés et prévoir les zones géographiques qui seront concernées.
Objectif de ce recadrage : limiter l’augmentation des prix de l’énergie. Selon les calculs du gouvernement, le prix de l’énergie solaire atteindrait 380 euros par MW/H, celui de l’énergie éolienne 80 euros quand celui de l’énergie nucléaire ne serait que de 20 euros.
A mille lieues des inquiétudes suscitées par l’incident de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima et sourd à ce qui de l'Allemagne où la sortie du nucléaire est programmée, le gouvernement bulgare prévoit ainsi la construction… d’un nouveau réacteur atomique sur les rives du Danube.
Les investisseurs découragés
Selon l’association bulgare qui regroupe les industriels de l’éolien, cette loi risque d’être fatale au développement des énergies renouvelables. Elle va décourager les nouveaux investisseurs qui faute d’obtenir des garanties – les conditions de production et de commercialisation changeant chaque année – réfléchiront à deux fois avant de se lancer dans de nouveaux projets.
Leur seul espoir : la nouvelle réglementation pourrait être annulée par l’Union européenne car elle serait contraire à la Directive énergie.
Ce nouveau bras de fer entre partisans et adversaires des énergies renouvelables rappelle à quel point les Etats sont souvent pris aux pièges de leurs contradictions, l’idée d’une croissance verte étant synonyme, pour bon nombre d’entre eux, d'augmentation du prix de l'électricité.
A contre-courant
C’est pour éviter un retour en arrière que la commission Environnement du Parlement européen vient de proposer de porter à 45 % la part des énergies renouvelables dans la consommation européenne en 2030. Le 10 mai dernier, la commission Industrie s'est également prononcée en ce sens.
Quant à Connie Hedegaard, la Commissaire européenne à l'Action pour le Climat interviewée dans le Gardian, elle confirme le besoin "d’objectifs ambitieux". "Ce serait un moyen de confirmer que la croissance des énergies renouvelables se s’arrêtera pas après 2020", a-t-elle précisé en référence au "plan climat européen" qui fixe l'objectif de 20 % d'énergies renouvelables dans la consommation énergétique des pays de l'Union européenne.
La République tchèque et la Bulgarie qui étaient sur la bonne voie, risquent de se perdre sur nouvelle route bordée de centrales nucléaires.