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Sur la route d’Oxford, les radars sont de retour

mercredi, 25 mai, 2011 - 15:46

Pour répondre à la baisse des subventions décidée par le gouvernement, le comté d’Oxfordshire a débranché l’été tous ses radars routiers en 2010. Avant de revenir sur sa décision le mois dernier. Les radars, visiblement, étaient efficaces pour faire baisser le nombre d'accidents et de morts sur les routes.

Les autorités locales du comté d’Oxfordshire étaient fières d’elles! Au mois d’août dernier, elles annonçaient avec fracas l’arrêt des 72 radars fixes et des 89 caméras mobiles qui contrôlaient la vitesse des automobilistes.

Le gouvernement de David Cameron venait d'annoncer une coupe de 40% des subventions publiques versées aux autorités locales pour la sécurité routière.

Un autre exemple de la promesse du gouvernement de mettre fin à la guerre aux automobilistes,

claironnait le ministre de la sécurité routière, Mike Penning.

Du coup, les autorités d’Oxfordshire avaient décidé de ne plus débourser les 600 000 livres sterling (700 000 euros) nécessaires à l’utilisation et à l'entretien des radars du Comté.

Champion de la sécurité routière

Une dépense jugée superflue alors que le Royaume-Uni se révèle être le pays le plus sûr d’Europe en matière de sécurité routière: 2 538 morts sur les routes en 2008 et 2 222 en 2009 (-12% !), presque deux fois moins qu'en France. L’installation régulière de dos-d’âne, de chicanes et de goulets d’étranglement oblige les automobilistes à rouler lentement dans les zones à risque.

Des voix se sont pourtant élevées contre l'arrêt des radars. Sans surprise, la société en charge des radars a expliqué "qu’il y a un sérieux danger de voir s’accroître le nombre de victimes. Nous pourrions comptabiliser le coût de cette mesure en termes de corps."

En roue libre

Ses statistiques montraient que les deux cent douze radars installés dans la région de la vallée de la Tamise ont enregistré une chute de 38% du nombre de collisions de véhicules entre les trois années précédant la pose des radars et les trois dernières années. Le nombre de blessés avait aussi fortement baissé.

L'efficacité des radars est également défendue par Julie Townsend de l’association Frein:

Je suis stupéfaite de la menace de l’Oxfordshire. Les radars sont un moyen peu coûteux et efficace de réduire les morts et les blessés sur les routes. Toute réduction du nombre de caméras est un pas en arrière. Et les coûts des accidents supplémentaires devront être supportés par les services des urgences et par le service national de santé. 

Chaque entité ayant ses propres chiffres, la municipalité voisine de Swindon explique que la vitesse n’était responsable que 6% des accidents de la route. Elle entendait du coup accentué la prévention auprès des jeunes, la nuit et aux croisements.

Mais, là encore, le problème restait financier. "Le ministre espère que les municipalités se concentreront sur d’autres moyen de réduire les morts sur la route mais comment pourraient-ils si leurs subventions ont disparu ?", se demande Stephen Glaister, le directeur de la fondation RAC, spécialisé sur la sécurité routière. "Et si la limite de vitesse est finalement considérée comme utile, qui va la faire appliquer ? Pas la police en tout cas, dont les budgets ont également été revus à la baisse."

Marche arrière toute

Mais voilà, avec moins de fracas, les autorités du comté d’Oxfordshire sont revenues sur leur décision. Entre août 2010 et mars 2011, 18 personnes sont mortes et 179 ont été sérieusement blessées sur les routes de la région, contre 12 morts et 160 blessés lors de la même période un an plus tôt.

Le 1er avril, elles ont donc rallumé leurs radars. Le résultat ne s’est pas fait attendre: au cours du mois d’avril, 5 917 automobilistes furent pénalisés pour avoir dépassé la vitesse autorisée contre 2 286 lors du mois précédent leur mise à l’arrêt l’année dernière.

"Les chiffres sont une indication que de nombreuses personnes conduisent vite car elles pensaient ne pas être prises", estime le responsable de la police locale.

Or, nous savons que la vitesse est un facteur majeur dans le nombre de morts et de blessés sur les routes. Remettre les caméras a donc un impact sur la sécurité car cela oblige les gens à respecter la loi. 

Ni les autorités locales ni la police n’ont pourtant voulu prendre la responsabilité de la soudaine hausse des victimes, suite à la décision de débrancher les radars.




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