L’Espagne reproche à l’Allemagne d’avoir accusé "sans la moindre preuve" les concombres andalous d’être à l’origine de l’infection alimentaire qui a causé la mort de seize personnes. La présomption d'innocence n'a pas été respectée et la solidarité avec le cucurbitacée se met en place en Espagne.
Dernier sujet en vogue sur Twitter ? #1kilopepino (1 kilo de concombres). Le site de micro-blogging se mobilise pour appeler les internautes à se porter acquéreurs d’un kilo de concombres espagnols. Le but de cette vague de solidarité est de mettre un frein à la psychose qui entoure les légumes cultivés en Espagne depuis une semaine.
Accusé sans preuve
Les concombres andalous ont été accusés par les autorités allemandes – qui ont depuis reconnu leur erreur – d’être à l’origine de l’infection alimentaire par la bactérie E.coli qui a provoqué la mort de seize personnes en Europe. Ces derniers jours, l’exaspération du Gouvernement espagnol était perceptible :
on ne peut pas accuser un pays sans la moindre preuve",
a déclaré Rosa Aguilar, ministre espagnole de l’Environnement, à propos de l’attitude des autorités allemandes.
En Espagne, certains analystes évoquent dernièrement une propension du pays germanique à chercher la cause de ses problèmes à l’extérieur. L'agacement est général, après une année de tensions avec l'Allemagne sur fond de crise de la dette. L’Espagne n’écarte pas la possibilité de déposer un recours en justice contre l'Etat allemand. Elle a par ailleurs demander à l’Union européenne de prendre des mesures extraordinaires pour dédommager le secteur maraîcher espagnol.
Préjudice économique
Les dégâts sont en effet énormes et concernent non seulement les concombres, mais aussi les autres légumes et fruits espagnols, qui représentent 60% de la production agricole du pays : selon les producteurs et exportateurs de fruits et légumes, les pertes s’élèvent à 200 millions d’euros par semaine. Après les accusations allemandes, "presque tous les marchés européens se sont fermés aux produits espagnols", affirme une porte-parole de la fédération de producteurs et exportateurs de fruits, légumes et fleurs (FEPEX).
Rien d’officiel, puisque ce serait contrevenir à la libre-circulation des marchandises en vigueur dans le marché commun. Concrètement, "il n’y a plus de commandes parce qu’il n’y a plus de demande par les consommateurs".
Image ternie
Ce mercredi, les exportations espagnoles restent tièdes. Il semble que les craintes des producteurs espagnols soient fondées : la perte de prestige de leurs produits durera au-delà de la crise elle-même. Malgré les résultats qui innocentent les légumes espagnols, en Allemagne, il y a encore des pancartes rassurant les consommateurs : "Ici on ne vend pas de produits espagnols", rapportent les médias. Et rien n’indique que la force de frappe de Twitter sera suffisante pour calmer les esprits.