Les Portugais ont choisi le camp qui leur imposera de nouvelles mesures de rigueur: ce sera la droite. Le nouveau Premier ministre va leur infliger une haute dose d’austérité pour assainir les comptes du pays. Portrait du futur Premier ministre Pedro Passos Coelho, libéral proche des milieux d'affaires.
Le balancier, cette fois, est favorable à la droite. L’euphorie au siège du PSD était à son comble dimanche soir lorsque les premiers résultats du scrutin à un tour sont tombés: le parti Social Démocrate était proche de la majorité absolue au Parlement, avec 116 sièges sur 230.
Finalement, et malgré ses 38,6 % de suffrages exprimés, le PSD devra passer, comme convenu, alliance le parti Chrétiens démocrates-parti populaire. En toute logique, après la consultation des partis par le président de la république et la proclamation des résultats définitifs du scrutin (quatre députés sont élus par la diaspora portugaise) Pedro Passos Coelho, le dirigeant du Parti social-démocrate, sera désigné nouveau Premier ministre du Portugal.
Affable, courtois et cultivé
Pedro Passos Coelho n'est pas un nouveau venu en politique. Il a débuté au sein des "Jeunesses sociales démocrates", mouvement qu’il dirigera pendant six ans. Elu dans la foulée conseiller municipal puis député, il quitte provisoirement la politique pour le monde des affaires et de la finance. En 2008, il fait un retour fracassant en politique et prend les rênes de son parti.
Ce diplômé d’économie n’a que 46 ans. Il soigne son image d’homme affable, courtois et cultivé, élégant sans extravagance, réservé. Son intelligence et son orgueil sont également remarqués. Pedro Passos Coelho présente un profil lisse. Qu’on ne s’y trompe pas ! Il est à l’origine de la chute de José Socrates, qu’il a contraint à la démission le 23 mars dernier, après avoir refusé de le soutenir son 4e plan d’austérité.
Face à l’impopularité croissante du Premier ministre socialiste, Passos Coelho sent qu’il peut prendre l’avantage. Son inexpérience lui fait parfois prendre des risques inutiles – il accumule des dérapages sur diverses questions sociales et économiques – mais il maitrise parfairement l'art du rétropédalage.
Ses thèses largement reprises dans son livre "Mudar" ["Changer"], publié en 2010, ne laissent aucun doute quant à son appartenance au libéralisme, hésitant entre néo et ultra.
Homme du changement et du "parler vrai", Pedro Passos Coelho sait que le chemin n’est pas tout tracé. Il doit d’abord trouver un moyen d’entente avec le CDS-PP, dont le dirigeant Paulo Portas est un politique né, habile et têtu, qui est en position d’exiger le meilleur pour lui et ses collaborateurs. Une forte personnalité dont on n’est pas sûr qu’elle ne heurtera pas rapidement de front celle, toute aussi forte, de Pedro Passos Coelho.
Lourds sacrifices au menu
L’entente est obligatoire. Les choses sérieuses vont commencer rapidement pour le futur gouvernement, avec les premières échéances en juillet du plan d’aide internationale pour redresser le pays en contrepartie d’une enveloppe de 78 milliards d’euros. Des mesures dont 22 ont un caractère quasi obligatoire, et qui associent nouvelle pression fiscale, réduction des dépenses et relance de l’économie.
A court terme, ce qui attend les Portugais, c’est plus de chômage (actuellement le taux est de 12,4 % de la population active) et la récession. Comment le mémorandum d’aide s’articulera ? Comment Pedro Passos Coelho ira-t-il "plus loin" comme il l’a déclaré au cours de la campagne électorale ? Saura-t-il imposer de lourds sacrifices sans provoquer des remous sociaux ? Les Portugais l’ignorent. Demain sera difficile ? Oui, mais c’est demain.