Cameron, croisé de l’innocence enfantine
Fini les soutien-gorge rembourré pour fillettes de 7 ans. David Cameron refuse "d’accepter le monde tel qu’il est" et veut protéger la jeunesse britannique de l'intrusion de la sexualité. Pas de mesures contraignantes pour l'heure, le Premier ministre appelle les commerçants et les publicitaires à prendre leurs responsabilités.
La société s’est remplie d’une imagerie sexualisée. Cela a créé la toile de fond de la vie des enfants. Les parents sentent qu’il n’y a pas d’issue et pas d’espace clair où leurs enfants puissent être des enfants."
Le ton est catastrophiste, la vision noire.
Ces mots ont été rédigés par Reg Bailey, le directeur de l’association chrétienne Mother’s Union. Avec le soutien du Premier Ministre britannique David Cameron, il a travaillé pendant six mois sur la rédaction d’un rapport sur la commercialisation et la sexualisation de la jeunesse, intitulé "Laissons les enfants être les enfants".
Il indique ainsi vouloir "remettre du pouvoir dans les mains des parents afin qu’ils puissent mieux gérer les pressions de leurs enfants et [leur] permettre d’éduquer leurs enfants comme ils le souhaitent."
La responsabilité sociale avant le contrôle étatique
Cette conception très libérale de la situation ne pouvait que plaire à un responsable politique chantre de l’autonomie des citoyens et promoteur des écoles libres où les parents décideraient de leurs programmes scolaires.
Pour l'instant, ce rapport n'est que consultatif.
Je note que nombre des actions que vous suggérez visent les commerces et les [autorités de supervision de la publicité] plus que le gouvernement", commente le Premier Ministre.
Je soutiens cette mise en évidence, cohérente avec l’approche globale du gouvernement et ma longue croyance que la force menant le progrès doit être la responsabilité sociale, pas le contrôle étatique."
Reg Bailey recommande en effet que l'Advertising Standards Authority, qui régule la publicité, s'oppose à l'installation de panneaux publicitaires à proximité des écoles ou des crèches. L'Ofcom, qui régule les programmes télévisés, devra, elle, chosir soigneusement les programmes diffisés avant 21 heures.
Retour de l'ordre moral
La vente de bikinis au soutien-gorge rembourré pour fillettes de 7 ans, la diffusion de clips de la chanteuse Rihanna pour le moins sexuellement explicites avant 21 heures et, probablement, les taux spectaculaires de naissance et d’avortements chez les adolescentes ont engendré ce retour de bâton moral !
Les recommandations de Reg Bailey, issues de la rencontre avec 1 500 parents et enfants, une quarantaine d’associations et experts du secteur, tournent autour de plusieurs points principaux :
- fournir aux parents un site Internet pour se plaindre d’un programme, d’une publicité, d’un produit ou d’un service
- mettre des restrictions d’âge sur les clips vidéos
- couvrir les images sexualisées des magazines
- faciliter le blocage d’Internet sur les ordinateurs
- la nécessité pour la distribution de proposer aux enfants des "vêtements appropriés à leur âge"
- limiter les publicités extérieures contenant des images sexualisées
- donner plus de poids aux vues des parents sur la législation des programmes télévisées
- interdire l’utilisation d’enfant de moins de 16 ans comme ambassadeur de marques dans des publicités.
Protéger la jeunesse de la marchandisation
David Cameron s’est félicité de ce "pas de géant en avant pour protéger la jeunesse et rendre le Royaume-Uni plus proche des familles".
Nous ne devons pas essayer d’entourer nos enfants dans une laine cotonnée ou simplement nous en laver les mains et accepter le monde tel qu’il est. Au contraire, nous devrions chercher à mettre les freins à une dérive irréfléchie vers une toujours plus grande commercialisation et sexualisation.
Pour le moment, les recommandations ne sont pas contraignantes pour les entreprises mais le locataire du 10 Downing Street a expliqué qu’elles pourraient le devenir si aucune avancée notable n’est réalisée d’ici à 18 mois par la population.