Les investisseurs étrangers sont de retour
Les multinationales occidentales investissent de nouveau en Europe centrale et orientale. Une bonne nouvelle pour des pays dont la croissance reste fortement dépendante de l’arrivée de capitaux extérieurs.
Un vent d’optimisme souffle de nouveau sur les pays de l’Est. Selon l’Institut autrichien de recherche économique internationale (WIIW) qui a passé au crible les flux de capitaux dans 20 pays de l’Est de l’Europe, après plusieurs années de net repli, les investissements étrangers ont progressé en 2010 de 9 % sur l’ensemble de la zone en 2010.
Une reprise qui laisse toutefois certains pays à l’écart de cette dynamique. Bulgarie, Estonie, Hongrie, Pologne et Roumanie sont toujours boudés par les investisseurs. Les capitaux investis dans ces pays ne cessent pas de décliner.
Autre bémol : malgré des flux plus importants qu’au cours des deux dernières années, notamment en Russie ou en République tchèque, les montants investis ont bien du mal à compenser le recul enregistré depuis le début de la crise. Entre 2007 et 2010, le montant des investissements étrangers a ainsi été divisé par deux, passant de 112 milliards à 60,9 milliards. Les économistes estiment qu’il faut attendre 2017 pour que ces pays retrouvent le niveau d’avant la crise.
L’Union européenne en tête
Ce processus de reconquête devrait pourtant s’accélérer dès cette année. Le WIIW s’attend à une croissance de 30 % des investissements étrangers en 2011. Et sur les quelque 30 milliards d’euros supplémentaires attendus, la Russie qui devrait en recevoir la moitié, devrait être la grande gagnante.
La reprise devrait toutefois concerner quasiment tous les pays à l’exception de la Roumanie et de la Bulgarie qui peinent toujours à sortir de la crise. Les feux passent au vert dans nombre de pays où les économistes dénombrent de nouveaux projets, émanant notamment des pays de l’Union européenne. Les entreprises de l'Union européenne sont d’ailleurs les premières à avoir retrouvé le chemin de l’Est, Pays-Bas, Allemagne et Autriche en tête.
Ce mouvement est lié à deux principaux facteurs : pour diminuer les coûts de transports, les multinationales ont aujourd’hui tendance à localiser leurs investissements dans des pays proches. De plus, la reprise de l’activité en Europe, et principalement en Allemagne, dope la demande extérieure et favorise le développement de nouveaux projets basés sur les exportations.
L'œuf et la poule
Les économistes se veulent toutefois prudents : les pays de l’Est redeviennent d'autant plus attractifs que les perspectives de croissance sont bonnes. Or, pour la plupart d’entre eux, cette croissance est fortement liée aux investissements étrangers!
Dans des pays de faible taille comme la République tchèque ou la Hongrie, les multinationales réalisent 60 % de la production et 80 % des exportations. Mais ces chiffres mettent en évidence la fragilité de ces pays qui sans l’appui des multinationales auraient bien du mal à retrouver leur dynamisme d'antan, la demande intérieure étant toujours atone.
Par ailleurs, devenus plus méfiantes depuis la crise, les multinationales sont beaucoup plus attentives qu’avant au retour sur investissement. Or les gains sont aujourd’hui en chute libre, progressant seulement en Russie et en République tchèque alors qu’ils ont chuté de plus de 5 % en Bulgarie, Croatie ou Serbie…