Un nouveau scandale pour le football italien. Joueurs drogués, matchs truqués, extorsion de fonds..., tout un système bien organisé avec à la clé des sommes rondelettes.
Pire qu'une série B, une sombre affaire de troisième division. Pour assurer la défaite de son équipe contre Paganase, le gardien de but de Cremona, Marco Paoloni, drogue six de ses coéquipiers. Un puissant somnifère glissé dans la bouteille de ses coéquipiers. Problème, à la mi-temps, Cremona gagne 2 à 0. Paolini triple les doses dans le vestiaire à la pause. Effet garanti.
Plusieurs joueurs se sentent mal et l’un deux a un accident de voiture en rentrant chez lui. Après des analyses de sang la police découvre des traces d’hypnotiques, puissants tranquillisants. Le scandale des Calcio scomesse [paris sportifs dans le foot] a commencé.
Un système organisé
Six mois plus tard, l'enquête a mis en évidence un réseau organisé entre footballeurs et anciens footballeurs, dont l'ancien international Giuseppe Signori, opérateurs de paris sportifs et d'autres, destiné à manipuler les résultats de certains matches de 2e division et de divisions inférieures.
Le juge de Cremona, Guido Salvini parle d'un
système organisé pour contacter les joueurs, truquer les matchs et gagner de l'argent sur les paris.
Pour l’heure, les enquêtes du Tribunal de Cremona concernent 18 matchs de deuxième et detroisième division. Les joueurs professionnels de ces ligues sont aisés à soudoyer financièrement et les vérifications de la Fédération de Football y sont évidemment moins drastiques.
Les déclarations de Marco Pirani, le "cerveau de l'affaire" arrété puis entendu par le Tribunal, pourraient toutefois conduire à l’ouverture de nouvelles enquêtes concernant les trucages de matchs de Série A, la première division, et en particulier les trois matchs de Fiorentina – Roma (2-2), Lecce- Cagliari (3-3) et Genoa – Lecce (4-2).
Des sommes astronomiques
Au fil des jours, le scandale grossit et, des sites non officiels aux quotidiens nationaux, le monde sportif italien ne parle plus que de ça, les fausses nouvelles ainsi que les noms lancés par hasard sont pléthores: au pays des tifosi, le foot passionne même lorsqu’il est totalement corrompu.
Si les paris sur les matchs de football sont autorisés en Italie ils ne peuvent pas dépasser certains seuils financiers décidés selon les situations par le "Bureau des risques" de l’organisation des jeux italiens, Lottomatica. Les enquêteurs ont découvert que ces paris pouvaient atteindre des sommes astronomiques: 28 millions d’euros, par exemple, rien que pour la rencontre de seconde division Padoue- Atalanta.
Le football italien "infecté"
"Calcio scomesse, le cauchemar revient", titre le Corriere dello Sport, premier journal vendu en Italie, "le football de nouveau infecté", rappelle la Gazetta dello Sport. Ce dernier scandale rappelle que le sport le plus populaire en Italie a connu depuis 30 ans beaucoup de moments sombres: lors du scandale du Totonero en 1980, les gendarmes italiens avaient arrêté les joueurs directement sur le terrain, alors que le récent Calciopoli, peu avant la Coupe du Monde de 2006, avait mis en lumière l’achat d’arbitres par les dirigeants de la Juventus.
Pour ne rien arranger, le Tribunal de Naples vient d’annoncer l’ouverture d’une enquête sur les liens entre la Camorra et le monde du football. Entre autres situations suspectes, le fils d'un boss du clan lorusso a été aperçu sur les bords du terrain du match Naples – Parme cette saison.