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Hongrie: une campagne anti-IVG financée par l’UE

jeudi, 9 juin, 2011 - 15:32

Viktor Orban n’a peur de rien ! Le gouvernement hongrois, fidèle à sa politique utra-conservatrice, a réussi à faire financer par l'UE une campagne de publicité anti-avortement. Une fois de plus, la Commission a du rappeler la Hongrie à l'ordre.

Tout a commencé le 18 avril dernier, quand le Parlement hongrois a adopté une nouvelle constitution ultra-conservatrice et rédigée uniquement par le parti majoritaire du Premier Ministre conservateur, la Fidezs. Au cœur de ce texte très contesté par l’opposition, la famille et les valeurs chrétiennes de la société hongroise. A l’article II de la Partie "Liberté et Responsabilité", on peut lire :

Depuis sa conception, la vie mérite d’être protégée comme un droit humain fondamental. La vie et la dignité humaine sont inviolables".

Pas d’interdiction explicite de l’avortement, mais une forte remise en cause d’un droit fondamental acquis par les Hongroises en 1986, et qui était jusqu’à lors l’une des législations les plus permissives d’Europe.

Une campagne insidieuse

Moins d’un mois après l’adoption du texte, une nouvelle campagne publicitaire était pourtant visible dans les rues de Budapest. Son but officiel ? "Sensibiliser les femmes sur l’équilibre à trouver entre la vie professionnelle et la vie personnelle". La campagne a ainsi pu être financée par le programme PROGRESS de la Commission européenne, programme qui vise à favoriser l’emploi, la solidarité sociale et l’égalité des chances.

Mais en découvrant les affiches, le sujet est très clairement différent de ce qui était annoncé par les autorités hongroises. Sur une photo de fœtus dans le ventre de sa mère, ce slogan:

Je comprends bien que tu n'es pas encore prête pour moi, mais donne moi au service d'adoption, LAISSE MOI VIVRE"

Miklós Soltész, secrétaire d’Etat à la famille et à la jeunesse, démentait pourtant toute visée anti-IVG:

La société hongroise n'est pas prête pour l'interdiction de l'avortement, comme les Polonais par exemple. Ce n'est d'ailleurs pas ce que nous cherchons, nous souhaitons insister sur l'importance de la vie",

rapportait le site d’informations francophones en Hongrie Hu-lala.org.

Rappel à l'ordre

Il n’empêche, la campagne n’a pas échappé à l’eurodéputée française Sylvie Guillaume, qui avait interpellé la Commission une première fois la à la fin du mois de mai. Sans réponse, elle a profité de la séance plénière du Parlement européen du 8 juin et du débat propos de la révision de la Constitution hongroise pour revenir à la charge auprès de la Commissaire européenne Viviane Redding, chargée des Droits Fondamentaux.

Rappelant que la Commission est soumise au respect du Traité de Lisbonne et ne peut par conséquent pas intervenir dans la souveraineté des Etats nationaux, cette dernière a affirmé être très concernée par la remise en jeu du droit de l’Union.

Je le dit de façon très claire, cette campagne ne cadre pas avec le programme PROGRESS. Cela ne correspond pas aux propositions de projet soumis par les autorités hongroises. […] La Commission a demandé l’arrêt de cette partie de la campagne sans délai",

a-t-elle déclaré devant les eurodéputés. 

Si tel n’était pas le cas, la Commissaire n’hésitera pas à prendre les dispositions juridiques et financières qui s’imposent vis-à-vis de la Hongrie.

Une victoire modeste

Sur son blog, Sylvie Guillaume a salué la décision de la Commission, se félicitant de l’arrêt de l’utilisation d’argent public au service d’une "politique de régression sociale et démocratique".

C’est une excellente nouvelle, je suis satisfaite de la fermeté de la réponse de la Commission. Dans le combat face aux populismes qui progressent partout en Europe et dont la Hongrie est un laboratoire, c’est une victoire. Modeste, mais une victoire".

Une victoire de plus de la Commission face au gouvernement de Viktor Orban, après la modification de la loi sur la liberté de la presse obtenue par la même Viviane Redding en février dernier. Jusqu’au prochain écart des conservateurs de la Fidezs ? 




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