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Les Indignés s’invitent à la table du « grand capital »

samedi, 18 juin, 2011 - 09:18

Un actionnaire a cédé son tour de parole à un représentant du mouvement du 15-M lors de l’assemblée générale de la banque Santander.

Un vent de rébellion a soufflé vendredi sur la distinguée ville de Santander où se tenait l’assemblée générale de la banque du même nom. Un actionnaire mécontent a cédé son tour de parole à un porte-parole du Mouvement 15-M dont entre quinze et quarante personnes (selon les différentes versions de la presse espagnole) frappaient des casseroles et lançaient des slogans critiques sur Emilio Botín, le président de l’entité. Le représentant des Indignés a lu un manifeste devant les actionnaires réunis là. Il a critiqué la spéculation "guidée par la recherche de bénéfices à court-terme", et a dénoncé un "système moribond qui hypothèque le futur, et qui se base seulement sur l’ambition et la recherche du bénéfice particulier".

Mais il n’y a pas que les Indignados qui se rebellent. Les petites mains du grand capital s’indignent aussi mais pour d'autres raisons plus concrétes. Certains actionnaires minoritaires ont ainsi critiqué le maintien à son poste du directeur général de l’entité, Alfredo Saenz, qu’une sentence du Tribunal suprême a récemment inhabilité à exercer les fonctions de banquier pour une affaire de fausse dénonciation.

"Ce que vous faites est antidémocratique"

Par ailleurs, un autre actionnaire minoritaire de Santander, l’avocat Antonio Panea, a pris la parole pendant l’assemblée pour interroger Emilio botín sur l’enquête ouverte jeudi sur le banquier et sa famille pour fraude fiscale. Coupé par Botín, il a traité ce dernier de "mal-élevé" et a affirmé que le banquier "ne connaît rien en droit des sociétés" avant d’avertir que "ceux du 15-M sont à la porte, bientôt ils seront ici [en plus grand nombre] à l’intérieur, parce que ce que vous faites est antidémocratique".

L'homme de loi, qui a déjà à son actif plusieurs plaintes contre la banque espagnole, a demandé à ce que soit déposée une motion contre Botín. Lors d’un échange tendu avec l’actionnaire indigné, le président de Santander a décrété qu’il ne commentait pas les affaires judiciaires. "Monsieur Panea, je vous retire la parole", a-t-il conclu.

La décision sans appel a été saluée par les applaudissements nourris des autres actionnaires. Quand pleuvent les dividendes, le vent de rébellion retombe vite.


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