Le gouvernement néerlandais vient de prendre des mesures drastiques pour économiser 18 milliards d’euros en quatre ans. Une politique ultra-libérale, totalement assumée, qui met à mal l’État social.
Les Pays-Bas ont beau ne pas être dans la situation de la Grèce, de l’Irlande ou du Portugal, le gouvernement a décidé de taper fort pour réduire le déficit budgétaire du pays: alors qu’il avoisine les 5 % du PIB, le premier Ministre, Mark Rutte, a souhaite le ramener à 3 % d’ici quatre ans, afin de remplir de nouveau les critères de Maastricht.
"On ne peut pas faire autrement. La dette du pays augmente chaque jour de 60 millions d’euros. Nous devons nous y attaquer", a-t-il expliqué, essayant de convaincre les 16,6 millions d’habitants qui vont devoir se serrer la ceinture.
Les familles des handicapés mises à contribution
La "révolution Rutte" s’attaque notamment aux prestations sociales. Le ministre de la santé doit ainsi économiser un milliard d’euros dès 2012. Première conséquence: une baisse de 600 euros par an (en moyenne) des allocations versées aux personnes handicapées.
La question est de savoir si les difficultés rencontrées par ces personnes ne peuvent pas être prises en charge par d’autres,
a lancé la ministre de la santé, Edith Schippers. En clair, les familles sont appelées à contribution… Être malade coûtera par ailleurs plus cher, les Néerlandais étant invités à prendre davantage en charge les soins médicaux.
Par ailleurs, les salariés devront travailler plus longtemps: à partir de 2020, l’âge de la retraite sera porté à 66 ans et il faudra attendre d’avoir 67 ans pour cesser de travailler en 2025. Sans compter que, dans un pays où la retraite par capitalisation est très développée, le montant des retraites n'est nullement assuré puisqu'il est corrélé aux cours de la bourse…
Autre secteur dans l'oeil du cyclone: la culture. Les subventions aux artistes vont être diminuées de 200 millions d’euros dès 2012. Ce qui signifie que beaucoup d’artistes vont être obligés de trouver un autre job.
"Comportement asocial"
Pour l’opposition, c’est l’ État social qui est remis en cause. "C’est coup sur coup", a critiqué le chef du parti Socialiste, Emile Roemer qui a accusé le gouvernement de s’en prendre "avant tout aux plus faibles".
Les plus faibles ne sont pas aussi faibles qu’ils le pensent (…) C’est un comportement asocial de vivre aux crochets de la société grâce à des subventions. Des mini-réformes n’auraient de toutes les façons aucun sens dans la situation actuelle",
lui a répondu Mark Rutte. Droit dans ses bottes, le premier Ministre est sûr de lui. Sous le slogan "moins d’État", il en appelle à "la responsabilité de chacun".
Le gouvernement croît à la possibilité de limiter le rôle de l’État. Au final, la société en sortira renforcée",
a-t-il ajouté.
La crise grecque fait le jeu des populistes
Les risques pris par le gouvernement ne sont pas minces car le mécontentement de la population pourrait bien profiter à Geert Wilders, le populiste du Parti de le Liberté, au plus haut dans les sondages grâce à son refus de toute nouvelle aide à la Grèce. "Pas d’Euros supplémentaire pour Athènes", a-t-il exhorté.
Pour lui, l’Europe doit laisser l’État grec faire faillite et quitter la zone Euro, ce qui serait le mieux qui puisse arriver pour les autres pays membres.
La campagne contre la Grèce lancée par Geert Wilders commence à faire des dégâts dans la classe politique: ses anathèmes contre les Grecs divisent le gouvernement. Les Chrétiens-démocrates craignent que ces sorties n’affaiblissent encore plus le gouvernement minoritaire et obligent le pays à organiser de nouvelles élections dont le principal bénéficiaire serait Wilders lui-même et son Parti de la liberté.