La question de l’homosexualité des membres du clergé anglican est relancée : l’Eglise a donné son accord à la nomination d’homosexuels au poste d’évêques. Mais à la condition qu’ils ne vivent pas leur sexualité.
La nomination d’évêques homosexuels revient sur le devant de la scène britannique. L’Eglise anglicane a en effet annoncé sa volonté d’accepter la nomination de membres homosexuels comme évêques. Comme l'explique le document intitulé "Choisir des évêques":
L’orientation sexuelle d’une personne est, en elle-même, hors de propos quant à leur pertinence pour un poste d’évêque. Il ne serait pas correct que le fait qu’un candidat se soit identifié lui-même comme ayant une orientation sexuelle homosexuelle soit pris en compte.
L’archevêque de Canterbury, son leader de l'Eglise anglicane, avait déjà assuré partager cette idée l’an dernier. En revanche, et c’est sur ce point que la polémique devrait se poursuivre, ces ecclésiastiques ne pourront pas vivre leur homosexualité pour pouvoir être nommés:
La loi sur l’égalité autorise les Eglises et les organisations religieuses à imposer la requête que quelqu’un ne soit pas en partenariat civil ou à imposer une requête liée à l’orientation sexuelle (des candidats). Cela rend clair que quelqu’un qui a une relation active sexuellement en dehors du mariage ne peut être éligible pour l’épiscopat ou un autre ministère ordonné.
La polémique est née lors de la nomination le 20 mai 2003 du prêtre Jeffrey John au poste d’évêque suffragant de Reading. Il vivait ouvertement avec un autre prêtre de l’Eglise depuis 1976 mais assurait être célibataire, c’est-à-dire vivre chastement. Devant la montée de la controverse, l’archevêque de Canterbury lui demanda de refuser sa nomination, ce qu’il accepta le 6 juillet de la même année.
Distinguer orientation et comportement
La controverse a été relancée l’année dernière par la présence de Jeffrey John dans le rang des favoris pour devenir évêque de Southwark, dans le sud de Londres. Là encore, l’archevêque de Canterbury s’est opposé à cette nomination, une décision d’autant plus prévisible qu’il avait contracté en 2006 un partenariat civil avec son partenaire.
Pour Chris Sugden, fervent opposant à la présence d’homosexuels dans le clergé, cette annonce "n’est en rien exceptionnelle" car le christianisme effectue "une distinction entre inclinaison, orientation et attraction d’un côté, et pratique et comportement de l’autre". Pour le révérend Gilles Goddard, "c’est en quelque sorte un pas en arrière : il affirme l’obligation du célibat."
Si la directive a été publiée avant le synode de l’Eglise anglicane du mois prochain à York, elle ne sera pas débattue par ses membres, sans doute par volonté d’apaiser la rencontre. La question de la sexualité ou du sexe des prêtres et évêques anglicans ronge en effet la congrégation. Dernière preuve en date : suite à sa décision d’ordonner des femmes, trois de ses évêques ont rejoint les rangs de l’Eglise catholique au début de l’année.