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La Fête de la musique, manifestation institutionnalisée

mardi, 21 juin, 2011 - 15:30

Quand Jack Lang lance en 1982 la Fête de la musique, pour célébrer en fanfare la nuit la plus courte de l'année, il était probablement loin d'imaginer que le label ferait école dans 120 pays. Revers de la médaille, elle est devenue une institution. A Rome notamment, où elle se déroule en grandes pompes et consacre l'unité nationale.

Il n'est plus question de confondre Fête de la musique et "faites de la musique". Lancée en France en 1982 la Fête de la musique déclinée dans toutes les langues, est devenue une marque, un label international déposé. Chaque 21 juin, dans 120 pays et 350 villes, sur tous les continents, on célèbre le soir du premier jour de l'été en musique. Si l'idée de Jack Lang a fait ainsi florès, c'est qu'elle était bonne, très bonne. Un succès qui reposait sans nul doute sur la multitude des sollicitations musicales. Du chant à capella au concert symphonique, du jazz manouche au Hip-hop…

Une institution

Aujourd'hui, à Rome notamment, on est souvent loin de la spontanéité des groupes de quartier qui occupaient bruyamment l'espace public le seul soir de l'année où c'est autorisé. Une association, l'ADCEP (Association pour le Développement de la Création, Etudes et Projets), est très officiellement mandatée par le ministère français de la Culture et de la Communication, pour "valoriser les initiatives menées chaque 21 juin sur les cinq continents". Elle a même édicté une "Charte internationale". Mise en valeur de la diversité des pratiques musicales, participation spontanée de musiciens professionnels et amateurs, gratuité et moment d’échanges et de découvertes en sont les grands axes. C’est également l’occasion pour les participants de faire entrer la musique dans des lieux inhabituels comme les musées ou les prisons par exemple.

Au fil des années, un réseau Fête européenne de la Musique, chapeauté par l’ADCEP, a, par ailleurs, vu le jour. Il organise, notamment, des échanges d’artistes professionnels lors d'événement musicaux européen ouvert à tous. La fête reste également portée par des initiatives des services culturels français à l’étranger, des institutions locales ou des associations …

Partout en Europe

Après la Communauté Wallonie-Bruxelles, première à s’associer à la France et qui fête cette année sa 27ème édition, puis Rome et Lausanne dix ans plus tard, le réseau s’est agrandi et compte désormais 16 partenaires : Berlin, Barcelone, Saragosse, Budapest, Naples, Senigallia, Milan, Luxembourg, Santa Maria da Feira, Prague, Liverpool, Istanbul. Dernière arrivée, Lisbonne s’apprête à célébrer cette année sa première Festa da música.

Allemagne, Belgique, Espagne, France, Hongrie, Italie, Luxembourg, Portugal, République Tchèque, Royaume-Uni, Suisse et Turquie … En tout, ce sont 12 pays d’Europe dans lesquels résonneront ce soir les instruments de toutes les musiques du continent.

Musiques ultra-marines

Si elle s’exporte bien à l’étranger, la fête de la musique connait toujours le même succès en France depuis 30 éditions maintenant. Cette année, ce sont les musiques ultra-marines qui seront à l’honneur, à l’occasion de l’année de l’Outre-Mer. De nombreux concerts sont prévus dans tous les arrondissements de la capitale. La mairie de Paris recense une vingtaine de moments forts de la fête dans des lieux clés.

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150 concerts pour l'Unité d'Italie

A Rome la Fête de la musique fait partie des manifestations officielles pour la célébration des 150 ans de l'Unité d'Italie. Le thème est ambitieux : '150 concerts pour l'Unité d'Italie'. Ils vont mobiliser plus de 1500 musiciens. Tous gratuits, ces concerts se tiennent dans plus de 70 places, rues, instituts de culture, églises, musées ou sites archéologiques. Avec une large variété des genres. De la musique classique et populaire, mais aussi le rock, l'art lyrique, le jazz.

Devant le palais Farnese, le palais qui donne son nom à la place et accueille l'ambassade de France à Rome se produira le groupe 'La Caravane passe' et R.wan.
Une fenêtre sur les nouvelles tendances de la création musicale française, un voyage musical dans le folklore qui mélange les musiques française, tzigane, hip hop, Balkan ska, électro rock. Plus tard, R-Wan, chanteur de la banlieue parisienne, et chanteur du groupe culte des Java fera la clôture de ce festival de musique française.

Comédie musicale en 3D

En avant-première de la rentrée théâtrale la fête comprendra également un évènement original: la première comédie musicale italienne tridimensionnelle: l'Arche de Jade (L'arca di Giada). 
En partant des escaliers de la place d'Espagne, à Trinità dei Monti, le groupe présentera 12 morceaux qui vont de la musique lyrique au rock, avant de se déplacer vers le château Saint ‘Ange, sur les bords du Tibre accompagnés par 10 carrosses attelés de chevaux, pour finir en concert acoustique dans les enceintes du château.

Lors du spectacle, acteurs, danseurs et acrobates dirigés par le chorégraphe Kristian Cellini interagissent avec des projections et des personnages en 3D, le tout sur un livret musical du compositeur Toni Verde.
Musées invisibles

Les musées en musique

Rome, ville musée, certes, mais qui aime bien les occuper, y manger, y passer la nuit… A l'occasion de cette "Festa della musica" ce sont donc les musées qui deviennent l'écrin le plus précieux de la musique: les concerts occuperont les lieux d'art et de tourisme les plus en vue de la capitale (plus de 16 espaces de musées et de zones archéologiques sont mises à contribution) comme les Palais de Venise (musique baroque) et Barberini (Ottomania), les thermes de Dioclétien (concert de piano 'De l'Italie à la Hongrie’) ou les thermes de Caracalla.

Mais la fête est surtout l'occasion de faire découvrir aux romains et aux visiteurs les 'musées invisibles' lieux peu connus mis en valeur par un concert: on citera, par exemple, celui du guitariste Marco del Greco à l'auditorium du Palais Altemps, ou la musique sacrée à la Galerie Spada mais aussi la Galerie Corsini (concert pour harpe et voix de Monteverdi, Frescobaldi, Vivaldi) ou encore le Musée napoléonien et le musée Canonica au sein de la Villa Borghese

Fête internationale, européenne, romaine, il s'agit surtout pour la ville de Rome explique le Directeur de l’Association pour la fête de la musique, de "fêter toutes les musiques". Mais avec un apparat qui en fait une fête, certes flamboyante, mais bien loin de la démocratie musicale participative des origines, du temps où Jack Lang appelait tous les citadins mélomanes à descendre dans la rue.


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