L’Europe n’inspire plus confiance
L'union européenne n'a plus la cote dans les pays d’Europe orientale qui font déjà partie du "club". L’euroscepticisme a aujourd’hui le vent en poupe, comme vient de le rappeler les derniers exemples tchèques ou slovènes.
L’euroscepticisme des Tchèques fait des victimes au sein même du gouvernement. Le ministre des affaires étrangères, Karel Schwartzenberg, a été invité par le Premier ministre, Petr Nečas, à revoir sa copie après avoir présenté un rapport sur les grandes orientations de la politique étrangère du pays pour les prochaines années. Un document jugé "trop pro-européen".
Le président de la République Vaclav Klaus, a fait bonne mesure, en critiquant un texte "écrit en style bureaucratique et manquant de vision". Selon lui, les orientations ne prendraient pas suffisamment en compte la crise actuelle de la zone Euro qui risque de conduire l'Union européenne dans l'impasse. Karel Schwartzenberg veut bien préciser ses arguments, mais sans transiger sur le fond: l'avenir de son pays reste européen. Mais il est à Prague de plus en plus seul à l'affirmer.
La Slovénie se rebelle
Cet incident n’est qu’un élément supplémentaire de la querelle que se livre les membres de la coalition au pouvoir où les pro-européens du parti TOP 9 du ministre des Affaires étrangères se heurte aux euro-septiques de l’ODS, le parti conservateur.
Elle n’en est pas moins révélatrice d’un sentiment largement partagée dans les pays d’Europe centrale et orientale, déçus par la politique européenne. Y compris chez les meilleurs de la classe, à l’image de la Slovénie qui n’a pas hésité début juin à se rebeller: 72% des Slovènes, appelés aux urnes le 5 juin dernier, à se prononcer sur le recul de l’âge de la retraite, se sont prononcés contre ce texte présenté comme un diktat de Bruxelles.
Les Roumains n'ont pas confiance
Un sondage publié le 17 juin par le journal autrichien Die Presse rappelle l’étendu des dégâts. Interrogeant les citoyens des 27 sur leur confiance envers l’Europe, c’est dans six des nouveaux membres de l’Est européen que le nombre de personnes qui ne font pas confiance à l'UE est nettement supérieur à ceux qui lui accordent un crédit!
En Roumanie le nombre de personnes qui n'ont pas confiance est supérieur de 76% à ceux qui sont pro-européens. En Grèce c'est, il est vrai, à peine mieux avec 74 %. Et avec un solde négatif de 66 %, la Bulgarie s’octroie la 3ème place des pays les plus euro-déçus !
En Hongrie, République tchèque et Slovaquie comme en Pologne, l’Europe ne fait également pas recette. Seuls les pays baltes recueillent un solde positif avec 9 % de plus de pro que d'anti-européens en Estonie, 8 % en Lettonie et de 4 % en Lituanie. A titre de comparaison, les niveaux de confiance sont les plus hauts dans les pays Nordiques (81 % en Suède et 77 % en Finlande), dans la moyenne en Autriche (69 %) et en Allemagne (53 %) et plus faibles en Grande-Bretagne (36 %), Belgique (28 %) et France (20 %).
On est loin des espoirs nés en 1989 après la chute du Mur de Berlin ou même en 2004 quand une première vague de pays de l’Est ont adhéré à l’Union européenne. Pourquoi un tel gâchis ? Une question qui ne concerne certes pas que les est-Européens mais c’est dans ces pays que le schisme avec l'Union est le plus patent.