Les Indignés du 15-M et d’autres organisations sociales sont mobilisés pour bloquer les expulsions des victimes du krack immobilier. Ils demandent un épurement total des dettes en échange des logements.
Le Mouvement du 15-M et la "Plateforme des Affectés par l’Hypothèque" (PAH) se mobilisent pour bloquer les expulsions. Partout en Espagne, ils appliquent la même stratégie : des dizaines de personnes se rassemblent devant l’immeuble dont doit être délogé une famille, interdisant ainsi l’entrée dans le bâtiment de la commission judiciaire chargée de notifier la procédure d’expulsion exercée à la demande de la banque créancière.
Rien qu'en Navarre, selon le Diario de Navarra, une douzaine d’expulsions, ont ainsi été suspendues repoussées -mais pas annulées- depuis que le mouvement du 15-M a décidé de faire des saisies immobilières un de ses nouveaux combats.
Elle a rejoint "La Plateforme des Affectés par l’Hypothèque" qui a commencé à ces blocages à la porte des immeubles depuis plusieurs mois. Elle affirme être parvenue à éviter quarante-deux expulsions, dont 19 en Catalogne et 18 dans la région de Murcie. Le Mouvement du 15-M et la PAH mettent ainsi en avant, avec l'appui de nombreux médias qui s'en font l'écho, un problème qui indigne vraiment les Espagnols.
Victimes de l'ex-boom immobilier
Nombre d'entre eux paient les pots cassés non seulement d’une crise qui a mis près de 5 millions de chômeurs (21,3% de la population active). Dans un pays où les locataires sont rares, perdre son emploi met en péril l’accès au logement, en limitant les possibilités du propriétaire de rembourser sa dette auprès de la banque créancière.
Le boom immobilier des années 2000 portait en lui les germes de la situation actuelle : les banques prêtaient à tour de bras et il était facile d’obtenir les crédits nécessaires à l’achat de son logement. Opération pourtant risquée, puisque les prêts accordés étaient majoritairement à taux variables.
Avec l’éclatement de la bulle immobilière qui, ajouté à la crise financière internationale, a entraîné le pays entier dans la récession et provoqué une hausse inédite du taux de chômage, les exécutions d’hypothèques sont devenues monnaie courante.
Selon le quotidien El País, les expulsions de logement ont été multipliées par trois en trois ans. Au premier trimestre 2011, 15.500 expulsions de logement ont eu lieu, 36,3% de plus qu’en 2010 durant la même période.
Double peine
Les Indignés demandent que soit appliquée plus souvent la dation en paiement, principe qui permet la remise du logement au créancier en contrepartie de la liquidation de la dette. Avec la chute des prix de l’immobilier, l’exécution de l’hypothèque ne suffit souvent pas à rembourser le montant du prêt accordé par la banque au moment de l’achat du logement, qui a souvent perdu une grande partie de sa valeur d'achat. Les expulsés se retrouvent ainsi condamnés à la double peine: sans logement et toujours endettés.
Sans aucun état d'âme, le Secrétaire Général de l’Association des Banques Espagnoles (AEB), Pedro Pablo Villasante, estime pourtant que supprimer la responsabilité de paiement de la totalité des dettes aurait pour conséquence de restreindre encore plus l’accès des familles au logement car les banques ne voudraient pas courir le risque de ne pas récupérer toutes leurs billes en cas de défaut de paiement.
Mais comme, de toute façon, ces banques ne prêtent plus aujourd'hui qu'au compte goutte…