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La Grèce toujours sous haute tension

jeudi, 30 juin, 2011 - 09:58

Les députés grecs doivent voter aujourd'hui sur la mise en œuvre du plan d'austérité et de privatisations qu'ils ont adopté hier. Après de nouveaux heurts ponctuels à l'aube, le calme semblait revenu dans le centre d'Athènes dévasté la veille par les violents affrontements.

Le centre d’Athènes ressemble à un champ de bataille. Le jour d’après. Ou à un paysage décimé par un tsunami. Vitrines brisées, routes dépavées, amoncellements d’ordures qui se consument, plus un panneau ou un feu debout.

Hier, c’était la deuxième journée de la grève générale de 48h. Des milliers de personnes avaient manifesté devant l’Assemblée nationale où les députés grecs ont adopté hier un second plan d'austérité et de privatisations.

300 hospitalisations

Après des débats houleux, le plan est passé avec 155 "oui", 138 "non" et 5 déclarés "absents". Mais dans le même temps, la rue votait non. Dès 9 heures du matin, les Indignés, qui campent depuis maintenant un mois sur la place de la Constitution, face au Parlement, s’étaient ressemblés.

Et durant toute la matinée, de toutes les rues adjacentes, des cortèges des différents syndicats affluaient. Une foule bigarrée mais déterminée: jeunes, retraités, venus dire aux 300 parlementaires réunis que cette politique d’austérité va les laisser sur le carreau : nouveaux impôts, coupes dans les salaires et les retraites, augmentation de la TVA, restrictions dans les secteurs de l’éducation, de la santé, …

Cette foule pacifique s’est retrouvée très vite confrontée à des interventions violentes des forces de l’ordre (on parle de plus de 10 000 policiers et CRS mobilisés dans la capitale). Des jets de gaz lacrymogènes à forte concentration, étaient lancés régulièrement, mettant les participants au bord de l’asphyxie : yeux rougis, gorge asséchée, toux âpre…

Médecins du Monde, présent sur le terrain, fait état de plus de 300 hospitalisations. Une accusation auprès du Procureur vient d’ailleurs d’être lancée par l’Association professionnelle des pharmaciens sur la toxicité de ces produits de défense de la police.

Casseurs protégés par la police

La réaction des autorités fait état de situation de légitime défense face à ces "encagoulés", qu’elles qualifient d’"éléments anarchistes". Mais de nombreux observateurs reparlent de ces fameux "connus-inconnus", c'est-à-dire de ces activistes, que la police connait bien et qui, systématiquement, agissent avec violence dans toute manifestation, attirant le regard des médias, au détriment des motifs réels de la mobilisation.

Le soupçon s’est transformé en véritable questionnement politique, avec la diffusion hier sur toutes les chaînes nationales d’une vidéo, montrant ces casseurs, un premier temps à l’œuvre, puis protégés et récupérés par les CRS de faction devant le Parlement qui les ont fait rentrer par une porte de service dans ce même Parlement.

Le gouvernement grec a ordonné une enquête sur les violences. Le ministre de la Protection du citoyen, Christos Papoutsis, a, en particulier "ordonné au chef de la police de procéder à une enquête minutieuse pour élucider l'affaire concernant des images vidéo diffusées mercredi soir", selon un communiqué ministériel.

Mais ces éventuelles manipulations politico-judiciaires ne peuvent pas cacher la réalité de la situation actuelle en Grèce: le gouffre béant entre une Assemblée élue avec une forte majorité et ce même peuple qui l’a porté au pouvoir 20 mois plus tôt. Une porte ouverte à tous les vrais dangers.


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