« Nous sommes tous dans le même pétrin »
Des centaines de milliers de fonctionnaires britanniques ont fait grève jeudi Royaume-Uni pour défendre leurs salaires et leurs retraites contre l'offensive menée par le gouvernement Cameron. A un mois de la retraite, Mary explique à MyEurop les raisons d'une grève qu'elle considère "juste".
Policiers, professeurs, agents d’immigration, des impôts, des bureaux pour l’emploi: ils étaient des centaines de milliers à faire grève ce jeudi ou à manifester dans les villes du Royaume-Uni contre la réforme des retraites des fonctionnaires. Présentés comme des privilégiés par le gouvernement Cameron, les travailleurs du secteur public ont voulu faire part de leurs difficultés.
Une grève "juste"
"Je suis fonctionnaire et je pars à la retraite le mois prochain après de nombreuses années à mon poste", explique Mary, qui travaille dans l’administration.
Ma retraite ? Elle sera d'environ 40 livres sterling (46 euros) par semaine. On ne peut pas dire que ce soit énorme. Mon salaire a augmenté l’année dernière de 4 livres sterling par mois et je n’avais pas eu d’augmentation pendant cinq ans car j’avais atteint le salaire maximum à mon niveau : 16 457 livres sterling par an soit 1 371 livres sterling (1 570 euros) par mois. Donc oui, je fais grève car il est juste et nécessaire de maintenir nos retraites à ces niveaux, qui ont déjà été très affaiblies, et même si je ne serai pas concernée par le recul de l’âge de la retraite.
"Des retraites justes", "Non à la course vers le pire" et "Protégez nos retraites" figurent parmi les slogans les plus repris dans les banderoles dans la manifestation londonienne. L’ambiance dans le cortège est d’ailleurs bonne enfant, même si l’exaspération est généralisée.
Gel des salaires
"Mon mari est également fonctionnaire mais depuis beaucoup moins longtemps que moi", poursuit Mary. "Il travaille dans le secteur public depuis près de dix ans et gagne 10 000 livres sterling de moins par an que dans le secteur privé. En plus, tous les salaires ont été gelés il y a un an et pour les deux prochaines années".
De nombreux ministres, ainsi que le Premier Ministre David Cameron, ont dénoncé les avantages des fonctionnaires par rapport au secteur privé. Ils veulent instaurer plus "d’équité". "Ah, ah, ah l’équité signifie pour eux tout niveler vers le bas", se moque, douloureusement, Mary.
Ils veulent opposer les employés du privé et du public alors que nous sommes tous dans le même pétrin. Et puis la fonction publique, c’est loin d’être le rêve comme le prétend le gouvernement ou des personnes qui fabulent totalement sur nos conditions. Son seul avantage était la retraite, qui compensait des salaires très bas, et maintenant que cela est menacé, je vois beaucoup de gens chercher un travail ailleurs. Et je peux vous assurer que je vois peu de personnes du privé, une fois qu’elles se sont renseignées sur les conditions d’emplois, vouloir nous remplacer.
La Londonienne poursuit, un peu démoralisée mais résolue, son chemin. Elle se doute bien qu’à ce rythme, le gouvernement de David Cameron atteindra dans quelques années son objectif: réduire à presque néant la fonction publique et les services publics dans le pays. Un pays où seuls les plus riches pourront – plus encore qu’aujourd’hui -, maintenir un niveau de vie décent.