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Nucléaire: l’Autriche se débranche dès 2015

lundi, 11 juillet, 2011 - 12:29

Alors que l’opposition au nucléaire gagne du terrain en Europe, l’Autriche et la France relancent les énergies renouvelables. Les éoliennes et les panneaux solaires pourront-ils répondre à eux seuls aux besoins ? En Allemagne, des régions demandent la réouverture des mines de charbon.

Après l’Allemagne, la Suisse et l’Italie, l’Autriche vient, à son tour, de franchir le pas: à partir de 2015, plus aucun kilowatt ne devrait provenir de centrales nucléaires. Pour compenser, Vienne vient de voter une loi visant à développer les énergies renouvelables qui devraient produire 85 % de la consommation d’électricité du pays en 2020.

Le secteur devrait bénéficier de subventions conséquentes: 80 millions d’euros vont, en effet, être débloqués pour faire sortir de terre des éoliennes quand 28 millions d’euros supplémentaires serviront à recouvrir les toits de panneaux solaires. Parallèlement, l'Autriche s’engage à acheter aux fournisseurs l’électricité à un prix supérieur à celui du marché pendant une durée de 13 à 15 ans (à hauteur de 8 millions d’euros par an).

Fin des importations d'électricité nucléaire

La fin du nucléaire concerne également les importations qui couvrent actuellement 17,5 % des besoins du pays.

Nous ne voulons plus d’énergie nucléaire. Nous voulons avoir des informations sur l’origine de l’électricité que nous achetons"

a précisé le Chancelier Werner Faymann. Actuellement, il n’existe aucune traçabilité sur l’électricité que le pays achète sur les bourses internationales. Les exportateurs d'électricité qui pensaient tirer profit de l'abandon du nucléaire dans un nombre croissant de pays pourraient bientôt déchanter si l'Autriche fait école.

Premier parc offshore en France

Ces investissements colossaux et ces mises en garde ne doivent rien au hasard. Un sondage réalisé auprès de cinq grands pays européens (France, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne et Italie) pour notre confrère Le Monde confirme que dans tous les pays européens, le doute sur l’énergie nucléaire se généralise :

L'opposition est franchement marquée en Italie (58 %) et en Allemagne (53 %), l'Espagne (28 %) se situant dans une situation intermédiaire par rapport à la France (20%) et au Royaume-Uni (21 %). Dans tous les pays, la confiance dans les énergies renouvelables a progressé : partout, les sondés pensent en majorité qu'elles pourraient produire toute l'électricité"

rappelle le quotidien.

Hasard du calendrier, le gouvernement français lance cette semaine le premier appel d’offre concernant les futurs parcs éoliens offshore. Il vise à construire quelque 600 éoliennes au large des côtes françaises d'ici à 2015, pour une puissance totale de 3 000 MegaWatts (MW). Un second appel d’offre est prévu début 2012. A terme, ce sont 6 000 MW qui devraient être installés, soit environ 1 200 éoliennes produisant 3,5 % de la consommation française d’électricité.

Ce programme représente un investissement d’environ 20 milliards d’euros. Le surcoût de l’électricité produite par les éoliennes sera compensé par la contribution au service public de l’électricité, qui devrait être relevée entre 2015 et 2020 pour un montant représentant 4 % de la facture des ménages en 2020, soit environ 25 euros par ménage et par an. Ce montant diminuera progressivement après 2020, en fonction des prix de marché de l’électricité.

L’Allemagne renoue avec le charbon

Partie avec une longueur d’avance, l’Allemagne commence toutefois à s’interroger.

Il n’est pas certain que les énergies renouvelables soient suffisantes pour répondre aux besoins. Pour toutes les mines de charbons, c’est l’heure de la renaissance",

explique ainsi le journal Die Welt. La Saxe, la Saxe-Anhalt et le Brandebourg, trois Länder de l’Est avec des réserves de charbon importantes, viennent d’ailleurs d’écrire à la Chancelière Angela Merkel, pour réclamer la réouverture et l’extension des puits.

Même le Commissaire européen à l’énergie, Günther Oerringer, s’est prononcé en faveur du charbon lors d’une visite récente à Dresde. Et la Chancelière a elle-même reconnu que l’Allemagne aurait besoin d’énergies fossiles comme le gaz et le charbon pour négocier sa sortie du nucléaire.

Arroseur arrosé

Pour limiter les atteintes à l’environnement, le Bundestag souhaite expérimenter d’ici à 2015 la séquestration et le stockage dans le sol du CO2 émis par les centrales à charbon. La technique consiste à séparer ce CO2 des autres gaz, à le récupérer et à l’acheminer ensuite par des pipelines dans des zones de stockage. L’entreprise énergétique Vattenfall a annoncé sa volonté de construire une centrale de démonstration d’une capacité de 250 MW d’ici à 2015 et travaille déjà depuis quelques semaines sur un projet pilote.

Le gouvernement espère également pouvoir exporter cette technologie. Mais les défenseurs de l’environnement, à l’instar de Greenpeace, ne l’entendent pas de cette oreille : pour eux, cette technique reste dangereuse. Tout comme d’ailleurs la volonté de rouvrir les mines de charbon. En appuyant la sortie du nucléaire, les écologistes se retrouvent dans la situation de l’arroseur arrosé.




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