Après avoir parcouru 2 200 kilomètres à vélo, l’opposant iranien Suleyman Chokali a conclu son voyage hors du commun. Venant de Norvège, il vient d'arriver à Bruxelles pour dénoncer les violations des droits humains en Iran, envers les Kurdes notamment, et inciter l'UE à réagir.
Le 20 juin dernier Suleyman Chokali a enfourché son vélo le à Trondheim, en Norvège, avec une idée bien précise: sensibiliser l’opinion publique européenne sur les violations des droits de l’homme en Iran. Destination finale: place du Luxembourg à Bruxelles, en face du Parlement Européen. Il est arrivé cette semaine.
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Aux opposants iraniens réunis pour l’accueillir, il a rappelé la gravité de la situation: exécutions régulières mais passées sous silence, répression des dissidents et des opposants, arrestations arbitraires, tortures, discriminations des minorités ethniques…
Posée à ses pieds, une photo encadrée représentait Mohammad Sadiq Kaboudvand, un journaliste et activiste kurde iranien arrêté en 2007 et condamné à onze ans de prison. Kaboudvand, qui en 2005 a fondé l’Organisation pour les droits humains au Kurdistan, est l’un des nombreux prisonniers politiques iraniens dont les associations de défense des droits de l’homme demandent la libération immédiate (Amnesty International, notamment, suit son cas depuis des années).
Dans une résolution du 17 juin 2009 concernant l’Iran, le Parlement Européen reconnaissait que
depuis 2005 la situation générale des droits de l'homme [dans le pays] a continué à se détériorer dans tous les domaines et en particulier en ce qui concerne l’exercice des droits civils et des libertés politiques"
et se disait "profondément préoccupé par l’état de santé déclinant de Mohammad Sadiq Kaboudvand depuis sa détention".
Après deux ans, qu’en est-il de l’engagement de l’Europe?
Il n'y a pas que le nucléaire
"Quand on parle d’Iran ici à Bruxelles, on se réfère toujours à son programme nucléaire", remarque Nikrawesh Zarali, un Iranien qui a passé huit ans en prison sous le régime de Khomeini et vit en exil depuis 22 ans.
On ne parle du fait, bien plus dramatique, que ce pays est une prison à ciel ouvert, un régime théocratique qui tue ses opposants au nom de dieu. Les citoyens iraniens attendent toujours de la part de l’Europe une condamnation claire de ces violations".
Pervine Jamil, du Bureau Kurde de Liaison et d’Information, reconnaît que la cause de la minorité kurde iranienne, notamment, ne suscite pas un grand intérêt auprès de l’opinion publique européenne.
"La situation géopolitique de ce peuple – environ 40 millions de personnes – est très compliquée", souligne-t-elle.
Du fait des frontières tracées par les Français et les Anglais, le peuple kurde est disséminé dans quatre pays, dont deux très influents, la Turquie et l’Iran. Et puis, dans les zones habitées par les Kurdes, il y a le pétrole. Tout cela explique l’absence de soutien politique de la part des autres pays arabes de la région ainsi que de l’Europe".
Depuis la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad le 13 juin 2009 et la violente répression qui a suivi, l’Union Européenne n’a sanctionné qu’occasionnellement les violations des droits humains en Iran. A l’issue du Conseil des Affaires Etrangères du 21 mars 2011, de nouvelles sanctions ont été annoncées.
Les Iraniens attendent toujours.