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A Coimbra, le festival de l’amour passion

vendredi, 22 juillet, 2011 - 16:11

Pour sa troisième édition et jusqu'au 31 juillet, le festival des arts de Coimbra, au Portugal, remet au goût du jour le mythe d’Inès et Pedro, amants maudits de l’époque médiévale. Une belle histoire tragique et une programmation de qualité autour du thème de la passion.

Elle était belle, sans doute très belle, pour qu’un prince en devienne fou au point de braver tout et tout le monde pour que le souvenir d’Inès perdure au-delà de la mort. Inès de castro est une toute jeune fille lorsqu’elle arrive au Portugal au début du 14éme siècle.

Elle est dame de compagnie de Constance de Castille, qui se rend en terre lusitanienne pour y épouser le prince héritier, Pedro. Le mariage est arrangé, mais les choses ne se passeront pas comme prévues.

Exilée puis décapitée

Car Pedro tombe sous le charme de la jeune Inès dès le premier regard. Le coup de foudre se transformera très vite en relation amoureuse suivie, que les deux jeunes gens cachent dans le domaine agricole qui entoure le couvent de Santa-Clara, où vit la jeune femme.

Des sources abondantes y apportent une fraicheur agréable, l’endroit est propice aux rencontres qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’amour courtois magnifié au moyen-âge : 4 enfants naitront de cette relation interdite.

Dans un premier temps, la Cour semble tolérer les écarts de conduite du prince héritier. Mais bientôt les conseillers du roi Alphonse IV l’alertent sur les dangers que la liaison fait peser sur le trône. Inès est exilée, puis finalement décapitée devant ses enfants épargnés. Nous sommes le 7 janvier 1355. Inès a 35 ans. Pedro, inconsolable, fera déterrer son cadavre et obligera la cour à lui baiser la main. Devenu roi il fera construire un mausolée de marbre au monastère d’Alcobaça, pour que la "reine morte" repose à ses côtés dans l’éternité.

Le domaine des larmes

Dès le début du XVIe siècle, les écrivains s’emparent de l’histoire d’Inès de Castro et de D. Pedro. C’est avec "A Castro" (La Castro) qu’ Antonio Ferreira écrit la première tragédie classique Lusitanienne. Mais c’est Luis de Camoens, l’auteur de l’épopée "Les Lusiades" qui donne ses lettres de noblesse à la légende d’Inès. De grandes envolées lyriques vont faire naitre le mythe de l’amour passion, et aujourd’hui encore les vers de Camoens émeuvent jusqu’aux larmes.

L’écrivain va aussi conférer une dimension surnaturelle à l’eau des sources près desquelles Inès et Pedro se rencontraient. La propriété finira par s’appeler "Le domaine des Larmes", (Quinta das Lágrimas). On dit que Shakespeare s’est inspiré de l’historie romancée des amants maudits de Coimbra pour son "Roméo et Juliette".

Plus tard Victor Hugo écrira "Inès de Castro" sa première pièce de théâtre d’ailleurs interdite de scène. Enfin ce ser "La reine morte" de Montherlant. Au Portugal, bien que l’histoire soit enseignée  à l’école, l’engouement pour ce récit qui finit mal s’est estompé. Il s’agit de le relancer.

Musique, théâtre et jazz

A Coimbra, Quinta das lágrimas est actuellement un hôtel de charme, dont les propriétaires ont su préserver la dimension romantique autour du destin tragique des amants maudits. Le propriétaire actuel, l’avocat Miguel Judice et ses amis, ont créé la fondation Inês de Castro pour relancer l’intérêt autour du mythe et valoriser le patrimoine.

A son tour cette fondation a décidé de lancer un festival des Arts pour réunir tous les étés en juillet les amoureux de la musique, du théâtre et de l’art contemporain.

Coimbra, ville surtout connue pour son université et son fado s’alanguit l’été le long du fleuve Mondégo. Un peu trop au goût des animateurs du Festival des Arts qui a choisi le haut de gamme pour sa programmation. Des cycles (musique, cinéma, théâtre, art plastiques, conférences, et cette année jazz et gastronomie) déclinent le thème central. Cette année c’est la passion, après l’eau et l’air et avant le voyage. Romantique certes, mais pour bousculer la torpeur Inésienne (de Inès).

Réparation de cœurs brisés

Pour s’en rendre compte il faut voir le 'My broken heart" une installation de la jeune artiste Ana Guedes. Un atelier de réparation de cœurs brisés, image de la "désillusion" que l’histoire d’Inès et Pedro inspire à la jeune femme.

Ou entendre "Pedro et Inès" du talentueux Pedro Faria (plusieurs de ses ouvrages sont traduits en plusieurs langues dont le français)-  qui malaxe l’histoire, inverse les rôles et fait tomber les masques…car dit-il "on  a beau faire, c’est toujours Inès qu’on assassine".

Ou encore, le voyage dans la peinture contemporaine proposé par la Fondation Millenium (une banque) où l’amour est filial, tourmenté, rejeté, canaille, provocateur et enchanteur.

Le festival c’est aussi l’occasion d’entendre quelques airs parmi les plus beaux du répertoire de Wagner, verdi ou Puccini interprétés par la soprano suédoise Irène Theorin. Le festival joue aussi d’une connivence avec les lieux et les architectures ou il prend place, le magnifique couvent de Santa-Clara ou l’amphithéâtre de verdure conçu par l’architecte paysagiste Cristina Castelo Branco, dans le domaine des larmes.

(Photos de ML Darcy. Photo 1: l'actrice Helena Freitas lit la piéce "Pedro et Inès" de Pedro Eiras / Photo 2: "sleeping beauty" installation de Pedro Medeiros) / Photo 3: Jardin romantique)


Programmation:  www.festivaldasartes.com
La fondation Inès de Castro:  www.fundacaoinesdecastro.com
Hotel quinta das lágrimas: www.quintadaslagrimas.pt
Sur coimbra: www.turismodecoimbra.pt


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