Cinq "centres de santé sexuelle", en priorité pour les homosexuels, vont ouvrir en Suisse. Depuis une dizaine d’années le dépistage du VIH se développe en Europe, mais il n'est toujours pas assez précoce .
Une étude anglaise publiée par le National AIDS Trust le 20 juillet montre que 60% des homosexuels britanniques pensent, à tort, qu’il n’y a pas de symptômes lorsque l’infection par le VIH est récente. De plus, seulement 34% ont correctement cité "la triade", cette combinaison de toux, rougeurs et fièvre qui indique une possible contamination par le virus.
Des résultats "extrêmement inquiétants" pour la présidente de l’organisation, Deborah Jack. D'autant que, selon plusieurs études scientifiques mondiales,
les diagnostics rapides du VIH ont des avantages significatifs pour la santé individuelle ainsi que pour la santé publique.
C'est bien pourquoi la Suisse s’apprête à ouvrir cinq nouveaux "centres de santé sexuelle" à Bâle, Berne, Genêve, Lausanne et Zurich.
Détérioration sanitaire
A Genève et Zürich, des centres de dépistage du Sida et autres maladies sexuellement transmissibles existent déjà. Ils s'adressent plus particulièrement aux gays pour un dépistage précoce et une aide morale. Le premier, celui de Zürich, a été ouvert à en 2005, s’inspirant d’un centre d’Amsterdam.
L’OFSP (Office fédéral de santé publique) compte sur ces nouveaux centres pour faire face à la "détérioration de la situation sanitaire au sein de la population gay". Ainsi, plus que des tests de dépistage, ces centres mettront à la disposition des homosexuels et de leurs partenaires des dispositifs de suivi psychologique et des groupes de soutien.
La Confédération s’est déclarée prête à soutenir financièrement le lancement de ces centres. Leurs coûts de fonctionnement devraient, par la suite, être pris en charge par les cantons et les caisses d’assurance maladie. Actuellement, les centres de Genève et Zurich reçoivent des subventions qui couvrent environ un cinquième de leur budget total.
Les Checkpoints s’exportent
S'inspirant de l'exemple d’Amsterdam, les pays européens comptent de plus en plus de centre de dépistage rapide. Ainsi, anonymement et gratuitement, une goutte de sang et trentre minutes suffisent pour établir un diagnostic. Le premier "Checkpoint" a ouvert ces portes à la communauté gay dans la capitale néerlandaise en 2002 et a effectué jusqu’en 2008 plus de 5000 tests avec une fiabilité estimée à 99,7%. Depuis, le modèle du Checkpoint s’est exporté dans bon nombre de pays européens comme à Barcelone, Londres, Cologne, en Belgique et au Danemark.
A Paris aussi
A Paris, un centre de dépistage rapide pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), le Kiosque, a aussi été ouvert, en janvier 2010. Selon son chef de service, Nicolas Derche, 2 400 personnes sont venues se faire tester en un an.
Ce centre, encore unique en France, a été mis en place dans le cadre d’une recherche biomédicale de deux ans. En 2012, il pourra donc fixer ses propres règles et prévoit déjà de ne plus prouver nécessairement une affiliation à la Sécurité Sociale. Pour Nicolas Derche,
cela permettra d’ouvrir l’offre de dépistage aux étrangers et toutes les personnes qui n’ont pas de couverture sociale de se faire dépister"
Le Kiosque n’a pas vocation à devenir un Centre de santé sexuelle comme c’est le cas en Suisse, même s’il propose des consultations avec des psychologues pour les personnes atteintes du VIH.
A l'inverse, "le 190", boulevard de Charonne, dans le 20ème, est un centre de santé permettant des dépistages ainsi qu’un suivi du traitement contre le VIH.
Cependant, grâce à un arrêté de novembre 2010 qui autorise les tests rapides, les campagnes de dépistages devraient s’intensifier dans la capitale.