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Berlin brûle-t-il?

vendredi, 19 août, 2011 - 15:03

Depuis lundi soir, Berlin est frappée par une vague d’incendie de voitures. Si certains élus veulent y voir la marque de l'extrême gauche et du terrorisme, les motivations des incendiaires ne semblent pas politiques. Mais le spectre des émeutes de Londres plane...

Depuis lundi soir, les voitures flambent à Berlin. La tendance n’est malheureusement pas nouvelle mais avec 67 véhicules calcinés totalement ou partiellement en quatre nuits, la panique s’est installée dans la vie nocturne de la ville.

En 2011, ce sont déjà 143 voitures qui ont été incendiées, quasiment autant que pour toute l’année 2009 au cours de laquelle un nombre record de 145 véhicules ont été volontairement brûlées. [A titre de comparaison 500 voitures ont brulé en région parisienne rien que dans la nuit du 14 au 15 juillet 2009]

Pour Dieter Wiefelspütz, l’expert en sécurité du SPD (les sociaux-démocrates):

C’est un signe annonceur de terrorisme".

En effet, que ça soit à gauche comme à droite, les politiques ont fait plusieurs fois référence aux Fractions Armée Rouge (RAF) comme Wolfgang Bosbacj, un membre du comité de la CDU (le parti d'Angela Merkel) sur la sécurité intérieure au Parlement allemand qui rappelait à l’antenne de N24 que :

Le terrorisme de la Fraction Armée avait commencé (…) par de 'simples' incendies. C’est pour cette raison que le danger existe de voir cette violence touchée les gens à l’avenir".

Motivations imprécises

Traditionnellement, la flambée de voitures est imputée à l’extrême gauche berlinoise qui proteste contre la "gentrification" de Berlin et la montée du coût de la vie avec en ligne de mire le prix des loyers. De fait, les véhicules brûlés sont généralement de luxueuses voitures de marque, stationnées dans les quartiers de Friedrischain et Kreuzberg dont la population s’est fortement embourgeoisée en quelques années.

Cependant, depuis le début de la semaine, aucune automobile n’a été touchée dans cette zone, alors qu’une trentaine ont été calcinées dans le quartier résidentiel de Charlottenburg. De plus, selon les forces de l’ordre, 80% des cibles ont une valeur inférieure à 30 000 euros. Un camion et des scooters ont aussi été incendiés.
Ainsi, comme l’affirmait la Directrice de la Police berlinoise Margarete Koppers au Berliner Zeitung:

Nous ne pensons pas que l’extrême gauche soit derrière ces actes. Ça n’a rien à voir avec du terrorisme. Une revendication politique sérieuse n’apparaît pas".

L'influence de Londres ?

Pourtant, étant donné que cette vague d’incendie survient deux semaines après les émeutes de Londres, certains responsables politiques font le parallèle. Ainsi, le Directeur de l’institut de criminologie d’Hanovre, Christian Pfeiffer a déclaré que: 

Ce qui se passe à Berlin fait suite aux émeutes de Londres".

Dès le 10 Août, il avait affirmé dans une interview au Schwäbische Zeitung que Berlin était "le souci numéro un". Selon lui, "c’est sûrement des jeunes hommes qui veulent compenser un manque de succès dans leur vie".

Les officiels n’osent, eux, pas relier les deux situations. Selon Margarete Koppers, "Le contexte social est ici très différent".

"Nous ne laisseront pas notre ville brûler"

A un mois des élections municipales de Berlin, les politiciens devront à présent compter sur ces incendies comme thème de campagne. Lors d’une réunion politique dans le quartier de Charlottenburg, Klaus Wowereit, le maire SPD de Berlin a annoncé devant 200 personnes : "nous ne laisseront pas notre ville brûler, peu importe les idiots qui mettent le feu". Cependant, pas très optimiste, le maire a avoué être "dans le brouillard" [face à cette nouvelle situation] rapporte die Welt

Les candidats de droite ont vite récupéré le sujet pour critiquer la politique de "Wowi". Ainsi, Frank Henkel de l’Union des Chrétiens-Démocrates a montré du doigt la suppression de 4 000 emplois dans les rangs de la police ces dernières années. De plus, la CDU a imprimé mille nouvelles affiches de campagne qui seront collées à travers Berlin dès lundi. On y voit une voiture brûlée avec comme titre "Berlin doit-elle comprendre cela ?", en référence au slogan de Klaus Wowereit "Comprendre Berlin".

Catégorique, la candidate des Verts dans la capitale allemande, Renate Künast a déclaré que

la société ne peut pas accepter l’incendie de voitures, que ce soit des Porche ou des Polo".

De plus, elle a demandé aux autres candidats de s’unir en vue d’effectuer une "action commune". Pour le moment, mise à part un refus du candidat libéral, rien n’a été décidé sur le sujet.

Prime à la délation de 5 000 euros

Avec 1,2 millions de voitures à Berlin, le parc automobile de la ville constitue une "opportunité sans fin" pour les coupables, selon le porte-parole de la police Frank Millert. Pressées d’en finir avec cette vague d’incendies, les autorités ont renforcé les effectifs de la patrouille spécialisée déjà créée de trente têtes.

Klaus Wowereit a aussi demandé aux citoyens de signaler les suspects afin d’"aider la police à appréhender les coupables". Selon lui "cela n’a rien à voir avec la délation". Pourtant, la police de Berlin a annoncé qu’une récompense s’élevant jusqu’à 5 000 euros pour tout indice qui permettrait d’arrêter les coupables.

A Charlottenbourg, la CDU a promis de verser sur ses propres deniers une "surprime" de 2000 euros. Qui dit mieux?




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