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L’Eglise catholique menacée de schisme par les Autrichiens

jeudi, 1 septembre, 2011 - 10:20

Mariage des prêtres, ordination des femmes, possibilité pour les fidèles de dire la messe: des centaines de prêtres autrichiens ont lancé un "appel à la désobéissance" envers Rome pour tenter de faire sortir Benoît XVI de sa bulle conservatrice. Le risque de schisme est réel.

Cette fois, ils ont frappé fort: l’association autrichienne "Pfarrer initiative", qui regroupe près de 329 prêtres de paroisse, a lancé cet été un "appel à la désobéissance", soutenu par des organisations de laïcs. Dans une interview au quotidien Der Standard, un des auteurs de la fronde, Helmut Schüller, ex-adjoint de l'archevêque de Vienne redevenu simple curé de paroisse, s’élève "contre le refus de Rome d’engager une réforme nécessaire du mode de fonctionnement de l’Eglise".

Mais son ancien "patron", l'archevêque Christoph Schonborn, ne cache pas son inquiétude et menace au nom de "l'infaillibilité" papale:

Cela ne peut continuer. Si quelqu'un décide d'entrer en dissidence, cela aura évidemment des conséquences".

L’évêque de Graz et vice-président de la Conférence épiscopale autrichienne, Mgr Egon Kapellari a, lui, estimé que cet appel mettait l’Eglise "en péril":

Les soucis et les préoccupations légitimes des personnes et des paroisses sont à prendre en compte. C’est toutefois une tout autre chose que d’appeler à la désobéissance et de mettre en danger l’Église universelle.

Le Vatican ne répond pas

Parmi les griefs adressés à la hiérarchie catholique: l'interdiction du mariage des prêtres, l’impossibilité pour des femmes et des hommes baptisés de célébrer des offices religieux, une nécessité dans un pays où les vocations sont à la baisse et où nombre de prêtres renoncent à leurs fonctions pour pouvoir se marier.

Nous avons créé cette association il y a cinq ans pour demander la tenue d’un dialogue avec Rome. Mais rien ne s’est passé. C’est pourquoi nous lançons cet appel,

poursuit Helmut Schüller qui entend bien, par ce geste, obliger le Vatican à sortir de son silence.

Cette rébellion envers le Pape bénaficie du soutien d'une écrasante majorité des Autrichiens si on en croit un sondage réalisé récemment par l'institut Okonsult: ils sont 76% à soutenir cet "appel à la désobéissance".

Des prêtres défroqués disent la messe

"Il s’agit aussi pour nous de rendre public ce que nous faisons déjà dans nos communautés", continue le prêtre. Dans des villages, des laïcs sont en effet déjà passés de l’autre côté de la chaire, comme le souligne le témoignage de quelques fidèles repris sur le site de Wir sind Kirche ("Nous sommes l'Eglise"), organisation qui soutient la démarche des religieux:

Nous partageons le pain et le vin et l’Evangile. Aucun nouveau prêtre n’a été nommé et nous avons décidé de créer un cercle de fidèles pour continuer à dire la messe. Nous avons reçu immédiatement le soutien de la communauté qui compte 70 croyants.

Autre exemple: dans un foyer de personnes âgées, ce sont deux anciens prêtres défroqués qui officient désormais, le prêtre qui était aux commandes n’ayant pas été remplacé après son décès.

Fin de la monarchie absolue ?

La "Pfarrer initiative" demande aussi au pape que, dans un souci de "démocratisation", les fidèles puissent participer au choix de leurs évêques, nommés de manière discrétionnaire par Rome. Helmut Schüler, reprochant à l’Eglise de ne pas prendre en compte la modernité, s'interroge :

La participation aux décisions est un des fondements de toute communauté. Pourquoi cela ne serait-il pas aussi le cas dans l’Eglise? Le clergé a peur de prendre son influence. Peut-être a-t-il peur aussi d’être courageux.

Un nouveau catéchisme conservateur

La guerre de tranchées ne fait que commencer entre les partisans d’un aggiornamento de l'Eglise catholique et les tenants d’une ligne traditionnelle qui ont l’oreille de Benoît XVI. En témoigne notamment le lancement mondial en juin dernier du "Youcat". Ce "nouveau catéchisme pour les jeunes", jugé comme un document d’inspiration conservatrice par les catholiques progressistes, préfacé par le pape lui-même et traduit dans une vingtaine de langues, a été rédigé par un groupe de jeunes croyants autrichiens sous la haute autorité de… l’archevêque de Vienne.

(Actualisé à partir de l'article "Vent de contestation progressiste contre le Vatican" publié le 7 juillet 2011 à 10h40)




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