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Le 11 septembre d’une Saoudienne à New-York

vendredi, 9 septembre, 2011 - 15:52

Djamila est Saoudienne. Le 11 septembre 2001, elle l’a vécu en direct, à New York, le jour où elle a voyagé hors de son pays pour la première fois. Dans un court texte, elle nous raconte sobrement ce que ces chiffres "11/09" évoquent pour elle. Djamila vit aujourd'hui aux Pays-bas où elle se sent "souvent rejetée" et "pas vraiment en sécurité". Bien plus qu'aux États-Unis après l'attaque des Twin Towers.

Djamila* et son mari Hakim*, ingénieur dans une multinationale de la région de Maastricht, sont arrivés aux Pays-Bas, il y a quelques mois seulement, en avril 2011.

Djamila voulait suivre des cours d’anglais. Aux Etats-Unis, où elle a vécu un temps avant que son mari ne soit muté, elle avait bien pris quelques leçons, mais voulait se perfectionner.

Le professeur d’anglais lui a demandé d’écrire un texte pour évaluer son niveau. De décrire un événement qu’elle a vécu et qui l’a marquée. Djamila a écrit son 11 septembre 2001…

Lorsque j’étais enfant, je rêvais de voyager hors d’Arabie saoudite. J’ai essayé d’en parler à mes parents, mais mon père n’aimait pas cette idée.

J’étais un peu plus âgée lorsque mon cousin m’a demandée en mariage. Il étudiait aux États-Unis. Au début, j’étais un peu effrayée à l’idée de quitter mon pays trop longtemps, mais il m’a affirmé qu’on rendrait visite à ma famille au moins une fois tous les six mois.

Il m’a convaincue, j’ai accepté sa proposition et nous nous sommes mariés. Un mois après notre mariage, il m’a dit de me préparer à m’envoler pour les États-Unis. C’était le 10 septembre 2001…

Le vol a duré 13 heures. Nous sommes arrivés là-bas à 10 heures du matin. A peine débarqués, le FBI a demandé à tout le monde d’évacuer l’aéroport. Nous étions inquiets, désorientés. Nous ne savions pas quoi faire ni ce qui se passait.

Nous sommes sortis de l’aéroport et nous avons essayé de trouver un taxi, mais il y avait trop de gens et tous les taxis étaient partis.

Nous ne savions vraiment plus quoi faire, ni comment rejoindre notre hôtel ou un autre endroit où passer la journée. Au bout d’environ une heure, la police nous a trouvé un taxi. Nous lui avons donné l’adresse et nous avons rejoint notre hôtel. Il était environ 17 heures…

Au milieu du trafic, nous avons compris de quoi il s'agissait : c'était l'attentat contre les Twin Towers à New York et c'était vraiment effrayant. Le ciel est devenu noir de toute cette fumée et il y avait des policiers partout, qui inspectaient les rues et fouillaient les voitures. La situation était confuse. A cause de tout ce qui était arrivé, nous avons dû attendre cinq heures avant de pouvoir rejoindre notre hôtel.

Ce jour était le premier où je m’envolais hors de mon pays et le pire accident de ma vie : c’était le 11 septembre 2001.”

J'ai rencontré Djamila depuis. C'est une jeune femme éduquée de 28 ans, mère de deux jeunes enfants.

"Aux Pays-Bas, je me sens souvent rejetée"

Lorsque je lui demande comment elle a vécu son séjour aux États-Unis, elle hausse les épaules. Djamila: "C'était normal. Nous n'y sommes pas restés longtemps. Après un an, mon mari a été envoyé ailleurs, en Europe."

Je suis un peu sceptique. J'insiste.

– Mais, après le 11 septembre, les Américains étaient plutôt contre les musulmans, non ? Vous n'avez pas subi de racisme ou de rejet ?

– Non, pas vraiment. Bien sûr, il y avait des racistes, comme partout. Mais en règle générale, les Américains étaient très ouverts, très amicaux. J'ai rarement eu des remarques ou des regards méprisants lorsque je portais le voile par exemple.

Djamila porte un "hidjab", un voile qui couvre les cheveux, mais pas le visage.

Par contre…

Elle hésite.

Par contre, ici aux Pays-Bas, je me sens souvent rejetée. Les gens me regardent d’un air agressif ou méprisant. Parfois, ils me crient des choses, que je ne comprends pas. Je ne me sens pas vraiment en sécurité, ici…


*Les prénoms ont été modifiés à leur demande.





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