Le déclin de l’empire Européen
Engluée dans sa crise de la dette, incapable de surmonter les égoïsmes nationaux et de sauver le soldat grec, menacé de crise systémique, le Vieux Continent en est réduit à accepter l'aumône des nouveaux dragons de l'économie mondiale, Chine et Inde en tête. Un pied de nez de l'Histoire, reflet de la nouvelle donne économique mondiale et du déclin européen.
C'est de bonne guerre. Les "Brics" se disent prêts à sauver les "Pigs". En clair, les Brics, groupe de pays formé par le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, et l'Afrique du Sud, pourraient venir en aide au Portugal, à l'Italie, la Grèce et l'Espagne (Spain) affublés, en Allemagne notamment, de cet acronyme méprisant pour cause d'endettement prohibitif.
De bonne guerre, car les Brics, toujours qualifiés avec condescendance de "pays émergents" tiennent ainsi leur revanche. Devenues puissances majeures de l'économie mondiale, la Chine, l'Inde et le Brésil savent que l'avenir leur appartient. En annonçant qu'ils étudiaient la possibilité de racheter de la dette européenne, les "Brics" affirment qu'elles ont largement les moyens financiers de venir en aide aux pauvres pays d'Europe endettés jusqu'au cou.
Les ministres de Finances des Brics se réuniront le 22 septembre pour décider – ou pas – d'acheter des obligations émises par des pays européens en difficulté pour financer leurs dettes.
Suffisance
Christine Lagarde qualifie cette perspective de "développement intéressant" dans un entretien publié aujourd'hui par La Stampa. Mais avant même d'en savoir plus, la directrice générale du FMI, suspecte a priori les Brics de mauvaises intentions:
s'ils se limitent à acheter des titres jugés sûrs par tous, comme les titres allemands ou britanniques, ils ne prendront pas beaucoup de risques.
Mais elle veut bien "espérer" que "si des interventions de ce genre ont lieu, elles soient larges et ne se limitent pas aux titres sûrs de certains États".
Elue à la tête du FMI grâce au soutien des Européens et les amicales pressions des Etats-Unis face au mexicain Agustin Carstens, les propos, empreints d'un dédain manifeste, de l'ex-ministre française ne peuvent être perçus par les Brics, au Brésil notamment, comme une nouvelle preuve la suffisance occidentale et particulièrement européenne.
Redistribution des cartes
Preuve s'il en est que les Etats-Unis, comme l'Europe, n'ont toujours pas tiré les leçons de trois ans de crise économique. Les cartes sont redistribuées, mais les pays occidentaux semblent être restés à la partie précédente quand ils étaient encore les maîtres du jeu.
Or la Chine seule détient avec plus de 3 000 milliards de dollars, environ 40% des réserves mondiales de devises, alors que les pays du G7 n’ont en réserve que 1 240 milliards. C'est beaucoup, mais peu comparé à la dette de l'ensemble des pays des pays de l'Union européenne qui est de l'ordre de 10 000 milliards d'euros et de celle des Etats-Unis qui frôle les 15 000 milliards de dollars, soit 11 000 milliards d'euros.