Comme Paris, Londres vous ouvre les portes de ses bâtiments publics et privé ce week-end. De la banque d’Angleterre à l’appartement d’un particulier, plus de 700 lieux seront ouverts gratuitement. Mais l'initiative ne vient pas, comme à Paris, de l'Etat, mais d'une passionnée d'architecture. Visite guidée.
Après la tour BT l’année dernière, les Londoniens pourront ce week-end découvrir gratuitement les couloirs de la Banque d’Angleterre ! Pour la dix-huitième année consécutive, le programme Open House London permettra aux Londoniens les plus curieux de s’introduire dans des immeubles, des appartements et des maisons fermés en temps normal aux regards étrangers.
J’ai beaucoup écrit sur l’architecture et je me suis rendu compte que bon nombre de personnes ne se rendaient pas compte de son importance car elles ne savaient pas ce qui se faisait de bien en la matière. J’ai donc voulu donner accès à l’architecture de ma ville au plus grand nombre."
nous explique Victoria Thornton, la fondatrice du programme.
Station de métro et archevêché
Chaque année depuis 1992, elle recherche donc avec son équipe des lieux dignes d’intérêt architecturalement parlant. Ce week-end, sa liste en compte plus de 700 dans la capitale anglaise. Parmi eux, une station de métro désaffectée, Lambeth House (la résidence officielle de l’archevêque de Canterbury) et la Banque d’Angleterre donc, qui a mis plus de dix ans à répondre à l’appel.
D'autres responsables de lieux publics ou privés hésitent toujours à participer à l’opération, surtout en cette période de coupes budgétaires. Exemple précis, pour l’ouverture de sa tour pendant tout le week-end, l’entreprise British Telecom doit payer des employés, l’électricité du lieu, le fonctionnement de ses ascenseurs, etc. Certains propriétaires privés ou institutionnels estiment ainsi que les frais liés à leur participation s’élevaient jusqu’à 30.000 livres sterling (34.000 euros) pour l’ensemble du week-end. Or, le principe est clair : aucun des lieux n’est dédommagé financièrement par les organisateurs et il leur est interdit de faire payer l’accès.
Tous ne sont pas concernés par ces tracas. Simultanément à ces lieux réputés, des habitations privées souvent inconnues du public ouvrent en effet aussi leur porte, généralement à travers des tours guidés proposés par le propriétaire du lieu.
La majorité des nouveaux endroits appartiennent à des particuliers qui ont participé au week-end en tant que visiteurs et qui ont aimé l’expérience et la signification de notre travail. Ils veulent alors exposer leur quotidien aux autres, montrer que l’architecture d’un appartement peut bouleverser le quotidien de ses habitants"
poursuit la fondatrice d’Open House London.
Enjeux politiques et financiers
Cette volonté explique également la présence d’un nombre croissant d’établissements scolaires: alors que le gouvernement a décidé que les promoteurs immobiliers pourront désormais bâtir des écoles sans faire appel à un architecte, de plus en plus de directeurs d'établissement ouvrent leurs portes au public pour démontrer l’importance d’un environnement réfléchi et pensé pour ses utilisateurs.
Ces aspects politiques et sociaux ont permis à Open House London de remporter un vrai succès. Depuis 2002, onze autres villes ont suivi l'exemple, parmi lesquelles New York, Rome, Jérusalem ou Barcelone. Avec, à chaque fois, les trois mêmes règles inébranlables : une architecture de qualité, la gratuité et une organisation interdite d’engranger des profits.
La France, est un cas à part. Les "Journées du Patrimoine" (également ce week-end) sont une initiative de l'Etat et l'on ne visite pas les demeures privées.