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Park(ing) day : viens chez moi, j’habite sur un parking

samedi, 17 septembre, 2011 - 08:47

Bottes de foin et pandas en papier mâché, moutons urbains et terrasse mobile, ce week-end à Paris, à l’occasion de l’opération "Park(ing) day", les objets les plus incongrus jouent à "pousse-toi d’là que j’my mette" avec les voitures sur les places de parking. Une entreprise foutraque mêlant, comme à Bruxelles, réappropriation de l’espace urbain, cri du cœur écologique et communication millimétrée.

Ah ! C’est ceux qui veulent virer les voitures. Regarde-les, quelle bande de faignants…"

Faignantes, s’il vous plaît! Ce n’est pas parce que l’on a la démarche balourde qu’il faut pour autant en perdre ses manières et son latin. Car oui, au matin de l’opération "Park(ing) day", rue Notre-Dame des Victoires, près de la Bourse de Paris, seules des femmes étaient présentes. Mais reconnaissons une qualité à notre passant : au moins aura-t-il su décerner à quoi correspondait cet étalage de transats, chaises, fauteils et bancs sur les places de stationnement jouxtant le palais Brongniart. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde :

C’est quoi ?" "C’est sympa, mais je ne vois vraiment pas à quoi ça sert." "Ils ne vont pas avoir un problème avec les automobilistes ?" "Ce que c’est ? Je m’en fous…"

sont quelques unes des remarques glanées auprès des badauds.

200 places squattées

Pour ceux que cela intéresse, Amélie Chapleau, responsable communication de l’association Dédale, à l’origine de l’événement, explique le principe de la manœuvre :

Park(ing) day est un événement qui existe depuis 2005. A la base, ce n’étaient que quelques activistes qui sévissaient ça et là. L’année dernière, un appel a été fait à Dédale afin de servir de relais de mobilisation. C’est à ce moment que le principe a été institutionnalisé. Cela consiste à occuper, le temps d’une journée, une place de parking, avec ce que l’on souhaite : un jardin, une terrasse mobile, des transats, des bottes de paille, etc. L’idée est de se réapproprier l’espace urbain dans un côté festif et d’interpeller les gens sur les questions d’écologie. Et bien entendu nous payons notre place de parking."

Une initiative assez récente à Paris donc, mais dont l’ampleur a vite classé la capitale française au premier rang des 180 villes mondiales participant à la manifestation en ce 16 septembre, avec plus de 200 places occupées. Une paille, si l’on considère que 153 900 emplacements restent disponibles aux voitures.

Car le propos est bien là : remettre en cause l’hégémonie du moteur à explosion sur nos villes. Et il n’y a rien d’anodin à ce que le cœur de l’opération soit situé dans le 2e arrondissement, "celui où il y a le moins d’espaces verts", selon Amélie Chapleau. Paradoxal, lorsque l’on sait que le maire d’arrondissement est le seul Vert de la capitale.

 

Des pandas…

Du vert, il y en a partout, rue Notre-Dame des Victoires. Sur les t-shirts, sur les ballons de baudruche, dans les paniers. L’association WWF a apporté quelques fruits et légumes issus d’une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), afin de sensibiliser à ce qui garnit nos assiettes. Deux pandas en papier mâchés se font la bise juste à côté, pour rappeller à qui nous avons affaire.

WWF ça n’est pas que la protection des espèces, nous nous soucions de l’empreinte de l’homme sur l’environnement, mais aussi de l’homme lui-même. Beaucoup de Français vivent dans des villes monopolisées par la voiture, il faut réfléchir à quel environnement nous voulons pour demain."

explique Julie Delcroix, chargée du programme urbain durable à WWF.

…des moutons et des hommes

Pour trouver des animaux en chair, en laine et os, il fallait se rendre de l’autre côté de la ville, à l’université Paris-Diderot. C’est à partir de cet endroit que l’assocation Tema la vache a organisé une transhumance de moutons et béliers, qui, le soir, ont été invités à se garer sur les quais de Seine du 13e arrondissement. Une initiative à la frontière de l’absurde et du new age qu’explique Olivier, responsable de l’association :

Les moutons sont l’outil idéal pour entretenir les espaces verts, même s’ils bouffent tout. Il y a cinquante ans on trouvait encore des animaux en ville, aujourd’hui ils ont complétement disparu. Alors que cohabiter avec des animaux fait gagner en qualité de vie."

et de poursuivre :

Un chien c’est super pour faire des rencontres. Eh bien un mouton c’est pareil, les gens sont très curieux, ils viennent nous parler. En plus les animaux se mettent toujours à côté des hommes, c’est très beau, le mouton est un animal social."

Certainement aussi social que les automobilistes, plus amusés qu’énervés par l’événement. Park(ing) day aura su susciter la curiosité et l’intérêt des passants et riverains. Mais dès demain, la voiture retrouvera ses droits sur l’asphalte parisien. Et il n’est pas prévu que cela change.
 




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