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Budget de l’éducation : la France lanterne rouge

mardi, 27 septembre, 2011 - 15:20

Taux d’encadrement des élèves dans les établissements (en %)

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La journée de grève des enseignants du mardi 27 septembre confirme le malaise dans l’Education nationale publique et privée. Dans le collimateur, la suppression de 14 000 postes pour la rentrée 2012. La comparaison de la situation avec nos voisins européens confirme que le modèle français, autrefois une référence, a pris un sacré coup de vieux.

Une rentrée 2011 "techniquement et administrativement réussie", se félicitait Luc Chatel, le ministre de l’Education, le 21 septembre dernier au micro d'Europe 1. Tellement réussie que les syndicats, y compris ceux du privé, se sont unis, fait exceptionnel, pour une journée de grève le 27 septembre.

La mobilisation est, elle, un vrai succés:  les syndicats qu'un enseignant sur deux fait grêve. Le ministère de l'Education nationale évalue de son côté à 28,89% le taux d'enseignants du premier degré en grève et à 22,3% pour ceux du second degré.

80 000 suppressions de postes

L’objet de la grogne: la suppression de 14 000 postes pour la rentrée 2012, portant le total de suppressions depuis 2007 à 80 000. L'enseignement privé sous contrat est également affecté, avec plus de 1 500 suppressions de postes cette année et 1 350 programmés en 2012. Depuis 2008, 5 000 postes y ont été supprimés alors que les effectifs d'élèves ne cessent d'y croître.

Une grève en fin du mois de septembre à l'Education nationale, je n'ai pas le sentiment que ce soit quelque chose de révolutionnaire",

estimait pourtant Luc Chatel, insinuant que les élections à venir [en octobre], tant du côté des fédérations de parents d'élèves que des représentants des professeurs, en étaient la raison principale.

Luc Chatel aime plutôt rappeler les priorités de sa politique. Pour lui, l’essentiel est d’adapter le système aux besoins de chaque élève. Personne ne contestera cette ambition. Martine Aubry évoquait d’ailleurs un objectif similaire lors du débat télévisé pour les primaires du Parti socialiste :

La refondation de l'école, c'est bien sûr remettre des enseignants et des moyens, mais aussi adapter l'école à chaque enfant qui est en face de nous".

L’attitude de Luc Chatel apparaît donc comme une façon de se détourner des chiffres, qui ne plaident pas en faveur des gouvernements successifs depuis dix ans.

Et le malaise exprimé lors de la grève s’explique d’autant plus lorsqu’on compare les statistiques françaises à celles de nos voisins européens.

5 profs pour 100 élèves

Depuis 20 ans, il y a 500 000 élèves en moins et 34 000 enseignants en plus,

a rappelé, Nicolas Sarkozy, le 11 février dernier, justifiant ainsi la décision d’appliquer à l’éducation nationale le principe du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

Et pourtant, la France ne compte que 6,1 enseignants pour 100 élèves ou étudiants tous niveaux d’étude confondus, ce qui la relègue à la… dernière place des pays de l’OCE (Organisation de coopération et de développement économiques), selon une note du Conseil d’analyse stratégique (CAS), publiée en février dernier. Loin derrière la Suède (9,8 enseignants), et même de la Grèce (9 professeurs).

La France paie le prix fort du taux catastrophique qu’elle affiche pour le primaire et l'enseignement supérieur, où on ne compte que 5 enseignants pour 100 étudiants ou élèves.

Avec 22 élèves par classe dans le primaire, chiffre qui ne baisse pas depuis 2000, la France est loin des 17 élèves du Luxembourg et les 20 de la Finlande. L’Allemagne se situe quant à elle à 21.

L’étude du Conseil d’analyse stratégique égratigne également les idées reçues concernant les dépenses par élèves. Avec 5 000 dollars dépensés par élève et pas an dans le primaire, la France ferme là aussi la marche. Idem pour l’enseignement supérieur quand elle sauve à peine la face pour le secondaire avec des dépenses dans la moyenne européenne.

Notre pays continue à investir dans l’éducation en général presque un point de plus de son PIB que la moyenne des pays développés de l’OCDE",

se défend le ministre.

Ce faisant, il élude les chiffres les plus révélateurs des priorités du gouvernement. Car, la part du budget de l’éducation dans le budget global est bel et bien en baisse, passant de 12% en 2000 à 10,5% en 2008. C'est autant qu'en Allemagne, mieux qu'en Italie (9,5%) mais nettement en-dessous de la moyenne des pays de l’OCDE, qui lui consacrent 13% de leur budget.

Les salaires des profs parmi les plus bas

Pire : entre 2000 et 2008, le volume des dépenses par élève dans le primaire et le secondaire a augmenté de 40% en moyenne dans les pays de l’OCDE ; celui de la France n’a cru que de 2%, soit la plus faible des augmentations. Un chiffre dépassé de peu par l’Italie et l’Allemagne, avec respectivement 3 et 4%, mais qui est ridiculisé par ceux de la Finlande (25%), du Royaume-Uni (53%), et de l’Irlande (80%).

Est-ce la raison pour laquelle les salaires des enseignants français sont si bas ? Après 15 ans d’expérience, ils sont rémunérés 36 000 dollars bruts annuels. Un salaire dérisoire comparé aux 112 000 des professeurs luxembourgeois, des 62 000 dollars des Allemands, ou encore des 48 000 des Britanniques. Et c’est également en-dessous des 41 000 dollars moyens des professeurs de l’OCDE, qui comprend pourtant des pays au pouvoir d’achat sans commune mesure avec la France, comme l’Indonésie, l’Estonie ou la Slovaquie.

Luc Chatel avait bien tenté de résoudre le problème, en annonçant une revalorisation des salaires de 20 000 débutants et 170 000 professeurs déjà en poste, mais cela ne concernait au final qu’un peu moins d’un quart des effectifs.

Les chiffres sont donc cruels. Au-delà de leur valeur absolue, ils montrent que l’éducation n’est plus la priorité française depuis dix ans, relativisant son rôle de référence en la matière au sein de l’Europe. La dernière étude PISA de l’OCDE sur le niveau des élèves, était venue comme une confirmation

Selon elle, le niveau des élèves français, relevé par une élite mais marqué par de grandes inégalités, occupait le 21ème rang en lecture, et le 22ème en mathématiques, enregistrant un recul de 14 points sur cette matière de 2003 à 2009.




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