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Chambres d’étudiants: l’internationale de la débrouille

vendredi, 30 septembre, 2011 - 14:13

Se loger pendant la durée des études est un cauchemar pour de nombreux étudiants européens... et leurs parents. Les loyers pour une chambre exigüe atteignent des sommets stratosphériques... Du kot transfrontalier au couch surfing, en passant par le logement transgénérationnel, l'internationale de la débrouille et de l'inventivité est en marche.

Les Pays-Bas n’échappent pas à la règle et chacun trouve les solutions qu’il peut. Le syndicat d’étudiants néerlandais LSVb estimait qu’en 2010, 20.000 étudiants néerlandais n’avaient pu trouver de logement.  Il évalue à 60.000 le nombre de chambres nécessaires dans les 4 ans à venir, tandis que les autorités néerlandaises envisagent d’en construire 28.000. Cette pénurie de logements à des prix abordables est récurente un peu partout en Europe.

Emigrer pour étudier dans son propre pays

Première solution originale, mais spécifique aux Pays-Bas pour les universités pas trop éloignées de la frontière: s’expatrier tout en étudiant dans son propre pays.

L’université de Maastricht est surtout réputée pour sa faculté de médecine qui attire bon nombre d’étudiants de l’étranger.  Sur un marché immobilier déjà difficile au cœur d’une ville moyenne, l’afflux de ces étudiants aisés fait décoller les prix des logements pour étudiants.

Mais Maastricht jouit aussi d’une autre caractéristique intéressante : c’est une ville frontalière.  Enclavée dans une langue de territoire néerlandais qui forme un triangle entre l’Allemagne, la région liégeoise, en Wallonie et la ville de Maasmechelen en Flandre.

C’est cette dernière région qui intéresse surtout les étudiants néerlandais.  Dans les villages qui entourent Maasmechelen, ils peuvent trouver des “kots” – littéralement “baraques”, mais c’est le terme que tous les étudiants belges (francophones ou néerlandophones) et néerlandais, emploient pour un logement d’étudiant en général – à bon prix.

Moitié moins cher en Belgique

Anja qui termine ses études de médecine, a trouvé ainsi une chambre de 20 mètres carrés avec kitchenette (petite cuisine) pour 225 euros par mois tout compris à Vroenhoven, petit village à proximité de la N79 qui relie la ville belge de Tongres à Maastricht. 

“C’est la moitié prix par rapport à Maastricht”, affirme la jeune fille de 25 ans, originaire d’Alkmaar, dans le Nord de la Hollande. 

“A Maastricht, impossible de trouver quoi que ce soit à moins de 450-500 euros par mois.  Quant à la langue, pas de problème, à Vroenhoven, tout le monde parle le néerlandais, même si c’est avec un autre accent”.

Et pour les transports ?  “Pas de souci non plus.  Il y a 5 ou 6 kilomètres entre le village et Maastricht.  Je prends mon vélo tous les jours.  La vie coûte moins cher en Belgique qu’aux Pays-Bas.  Il n’y a que les communications GSM qui coûtent un peu plus cher si je veux appeler la soir mes parents ou des amis dans mon pays.  Sinon, j’économise sur tout le reste.”

Huub, étudiant en sociologie à l’université de Nimègues et originaire de Doordrecht, ne dit pas autre chose.  Il réside lui,en Allemagne, dans le petit village de Kranenburg, à environ 15 kilomètres de l’université.  “Je prends le bus tous les jours. Il met environ 45 minutes pour faire le trajet.  Il y a un seul inconvénient : plus de bus après 21 heures.  Et donc, je passe parfois la nuit chez des amis pour voir un match néerlandais ou quand il y a une soirée entre nous.”

Vient chez moi, j’habite chez une copine

Et pour la langue ?  “Les gens chez qui je loge parlent parfaitement le néerlandais, comme la majorité des habitants du village, d’ailleurs…  Et mon loyer reste raisonnable : 275 euros par mois pour une chambre tout inclus, avec une cuisine et une salle de bain personnelle.”

Pour les étudiants qui souhaitent se former à l’étranger tout en ne dépensant pas de sommes folles pour le logement, le réseau CasaSwap propose une solution originale : vous échangez votre logement avec un étudiant étranger.

Pierre, un étudiant parisien s’est inscrit à la célèbre université romaine La Sapienza.  Enrico, étudiant romain, s'est inscrit à Paris V en psycho et se prépare à “émigrer” vers Paris. 

Pierre dispose d’une chambre chez ses parents.  Enrico loue un studio à Rome.  Ils proposent tous deux leur logement sur CasaSwap.  Et ils échangent leurs adresses : Pierre loge chez Enrico et vice-versa.

Cerise (commerciale) sur le gâteau, CasaSwap propose également quatre fois par an des aides de mille euros pour financer les frais d'hébergement  à l’étranger.  La dernière gagnante, Yu Yu, étudiante en traduction de l’université chinoise de Hong Kong, part étudier le néerlandais à l’Université Erasme de Rotterdam.

Erasmate : l’Erasmus tout confort à petit prix

Pour les étudiants qui participent à des échanges européens Eurasmus, le site Erasmate propose aussi un service gratuit.  Ici, il ne s’agit pas d’échanger des logements, mais de proposer ou de chercher une chambre ou un appartement en location.  Tous les services fournis par Erasmate sont entièrement gratuits.

Un moteur de recherche par ville permet de trouver les bons plans à Maastricht, Barcelone, Madrid, Berlin – les 4 destinations favorites des étudiants – mais aussi à Vilnius, Bruxelles ou Prague.

Erasmate ne se contente pas de fournir un service de location, mais apporte aussi une foule d’informations régulièrement mises à jour sur les programmes Erasmus, sur les bourses, les réglementations en matière de logement à l’étranger, etc.

Le site propose également une foule de liens vers des cours de langues, des formules de voyage pas cher, des assurances, des réductions dans les commerces ou fournisseurs de services dans les villes universitaires.

L’un des fondateurs du site, John Spiertz, en a eu l’idée après avoir vécu une expérience Erasmus à Barcelone.  Ne connaissant pas la langue locale, mal préparé, il a rencontré pas mal de difficultés à trouver un appartement sur place, à relouer le sien pendant la même période, etc.  C’est ainsi que, deux ans plus tard, est né le portail Erasmate, destiné à tous les étudiants Erasme d’Europe.

CouchSurfing: un divan le temps d’un stage

Pour les séjours plus cours à l’étranger – le temps d’un stage de quelques semaines, voire de quelques mois – le CouchSurfing offre une alternative intéressante à l'hôtel à bas prix ou l'auberge de jeunesse. Un hôte vous accueille gratuitement chez lui (elle) pendant une période déterminée et vous aide à découvrir sa ville et sa région.

Bonne nouvelle :  la page d’accueil existe aussi en français ! CouchSurfing n’est pas dédié qu’aux étudiants.  Il permet à tout un chacun de disposer d’un lieu où dormir dans chaque ville du monde  ou presque.

Le réseau met l’accent sur la sécurité.  Lors de votre inscription, il vous est demandé d’effectuer un paiement modeste de 21.6 dollars avec votre carte de crédit afin de vérifier votre identité et une carte postale vous est envoyée à l’adresse que vous avez indiquée afin de confirmer l’existence du lieu.

Un “couchmanager” – un système de recherche similaire à celui des voyagistes – vous permet de repérer un lieu d’accueil dans la région du monde qui vous intéresse.  Il suffit alors de prendre contact avec la personne de votre choix pour lui demander de vous héberger.

Vous pouvez également proposer d’héberger quelqu’un chez vous.  Vous n’êtes jamais obligé d’accepter quelqu’un, mais aucun membre du réseau n’est obligé de vous accepter non plus…  L’hébergement est gratuit : lorsque vous vous inscrivez, vous vous engagez à ne réclamer aucun frais ou rémunération à vos invités.

Un système d’appréciation permet aux membres du réseau de vérifier que vous êtes un hôte non seulement agréable mais encore parfaitement honnête.  La dimension réseau est également très importante au sein de CouchSurfing qui encourage les réunions de membres et les actions collectives.




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