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Le « tigre celtique » sort de nouveau les griffes

vendredi, 30 septembre, 2011 - 10:16

Sauvée de la banqueroute il y a moins d'un an, assommée par un plan d'austérité sans précédent, l'Irlande se relève. La croissance repart et une fiscalité toujours très avantageuse attire des entreprises comme Twitter. Mais, le système bancaire, point faible du "tigre celtique", reste très mal en point.

Twitter s'apprête à établir son nouveau siège européen à Dublin. Moins d'un an après avoir sollicité un plan d'aide de 85 milliards d'euros, l'Irlande attire de nouveaux les entreprises, séduites par une fiscalité toujours très avantageuse.

L'Irlande est populaire. Twitter va établir un siège international à Dublin,

s'est félicitée l'Agence irlandaise pour le développement industriel… dans un tweet. "C'est une grande victoire [qui] confirme notre statut de capitale européenne d'internet", a salué le ministre irlandais de l'Emploi, Richard Bruton. De nombreux groupes de hautes technologies ou informatiques – Dell, Facebook, Google, Intel ou encore Microsoft – sont en effet déjà implantés en Irlande, où le taux d'imposition des sociétés est de seulement 12,5%, l'un des plus faibles en Europe.

L'éclatement de la bulle immobilière et la déroute de son système bancaire avaient précipé Dublin dans la crise. L'Irlande n'est pas encore tirée d'affaire, mais elle est parvenue en un an à réduire des 2/3 son déficit – affiché à plus de 30% du PIB en 2010. L'objectif annoncé est de retrouver des finances équilibrée à l'orée de 2013. Après une cure d'austérité drastique, le pays se relève… doucement.

Les banques toujours mal en point

L'Europe et le gouvernement ont sorti les grands moyens. Qualifié par le Premier ministre irlandais, Enda Kenny, de "plus contraignant de l'ensemble de l'euro zone", le plan d'austérité irlandais commence à payer. Des coupes budgétaires importantes ont été faites sur tous les postes de dépense publique. Les salaires des fonctionnaires, notamment, ont diminué d'entre 5 et 10 %.

Mais pour Jim Powers, économiste irlandais, ancien de la Bank of Ireland et de l'Anglo-Irish Bank, le problème le plus important que l'économie irlandaise va devoir résoudre reste la remise à flot de son système bancaire.

Le système bancaire est très mal-en-point dans le pays, et cela freine les investissements qui pourraient aider l'Irlande à remonter la pente. Beaucoup d'investisseurs ont été déçus par les banques. Tout comme les Irlandais d'ailleurs, qui ne comprennent pas pourquoi elles ont été recapitalisées. Cela crée un sentiment de frustration. Ceux qui ont joué auraient dû assumer le risque qu'ils ont pris.

Rester compétitif

Confrontées toutes les deux à des déficits abyssaux, sauvées du naufrage par l'Union européenne et le FMI, la Grèce et l'Irlande se retrouvent aujourd'hui dans des situations totalement différentes.

L'Irlande n'a jamais remis à plus tard le problème de la crise. Nous avons agit certainement plus rapidement. De plus, notre économie est plus diversifiée, plus dynamique et plus forte avec la présence d'un nombre important de multinationales. C'est cela qui a fait la différence.

Les faibles taxes concernant les entreprises a également fait pencher la balance dans le sens de la reprise, évitant des délocalisations, et incitant d'autres entreprises à venir s'installer. Le taux irlandais d'impôt sur les sociétés se situe à 12,5%, contre 28% au Royaume-Uni, 33% en France, ou de 30 à 33% en Allemagne.

Dumping fiscal

Pourtant, l'Europe, menée par la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Nicolas Sarkozy, avait fermement demandé à l'Irlande de modifier cette particularité, considérée comme inéquitable vis-à-vis des autres pays de la zone euro. Enda Kenny, le premier ministre, avait refusé d'augmenter cette taxe.

Il est évident que cette taxe a joué en la faveur du pays, pendant cette période difficile. Cela a permis de rester compétitif, et d'attirer des investissements qui se seraient autrement faits très rares. Mais il y a encore beaucoup de chemin à faire.

Conséquence de ce dumping social: le laboratoire américain Pfizer vient d'annoncer son intention d'investir 145 millions de d'euros dans l'une de ses usines irlandaises, installée à Dublin, au moment même où il confirmait la suppression de 225 emplois en France.

Fin 2010, ChannelNews révélait également que, grâce à une facturation depuis l’Irlande, Microsoft France générait 1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires, tout en ne déclarant que 400 millions d’euros.

Une croissance fragile

Mais rien n'est encore joué pour l'Irlande. Au deuxième trimestre, le pays a vu son PIB croître de 1,6% par rapport aux trois premiers mois de l'année, nettement au dessus des 0,25% anticipés par les économistes. L'Office central des statistiques (CSO) a également révisé à la hausse la croissance du 1er trimestre, porté à 1,9% contre 1,3% dans la précédente estimation.

Une croissance encore molle mais qui contraste nettement avec les chiffres enregistrés ces dernières années : le PIB irlandais avait en effet enregistré un recul de 1% en 2010, après avoir chuté de 3,5% en 2008 et de 7,6% en 2009.

Mais d'autres indicateurs montrent une santé économique encore fragile. La consommation ne repart pas ostensiblement. "Ce que l'on observe actuellement est le résultat de la croissance de la productivité, mais cela ne sauve pas le pays dans l'immédiat". Le quotidien des Irlandais n'est toujours pas radieux, mais depuis le début de la récession, le bout du tunnel n'a jamais été aussi proche.




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