Une enquête du Guardian révèle que David Cameron était favorable à l'intervention en Libye, avec ou sans l'aval des Nations-Unies, pour éviter un nouveau massacre de Srebrenica. Kadhafi aurait également envoyé des messages secrets dans lesquels il faisait par de son intention de devenir l’équivalent libyen de la Reine d’Angleterre.
Le Royaume-Uni et la France seraient sans doute intervenu en Libye même sans l’accord des Nations Unies, comme il l’a fait en 2003 en Irak. C’est ce que révèle lundi le quotidien The Guardian, après une longue enquête réalisée par ses journalistes sur l’intervention britannique en Libye
Sans résolution de l’ONU, "nous aurions dû nous pencher sur l’option de nécessité humanitaire , explique un responsable ministériel sous couvert de l'anonymat. Selon Liam Fox, le ministre de la Défense, David Cameron
ne voulait pas autoriser un autre Srebrenica – le massacre d’environ 8000 Musulmans en Bosnie en 1995. Or nous étions à 48 heures de voir se dérouler un désastre humanitaire.
Préserver le printemps arabe
Afin de ne pas répéter les mêmes erreurs que son successeur Tony Blair lors de son intervention en Irak, un plan avait été dressé par Andrew Mitchell, le secrétaire du développement international. Celui-ci félicite d’ailleurs le chef du gouvernement actuel.
David (Cameron) était courageux et a eu raison depuis le début car il a dit que nous ne pouvions pas laisser un massacre avoir lieu à Benghazi. Tous les soi-disants experts ont dit qu’on ne pouvait pas intervenir uniquement depuis les airs, les Américains disaient que c’était naïf, mais il a tenu à ses idées.
Le MI6, le service de renseignements extérieurs, s’avérait pourtant très sceptique, assurant que
il est préférable de rester avec le démon que l’on connaît.
Equivalent anglais de l'expression, "On sait ce qu'on perd, on ne sait pas ce que l'on gagne"
Le ministre des affaires étrangères, William Hague, se félicite également de cette intervention.
Si Benghazi était tombée, cela aurait été un revers énorme pour le printemps arabe dans les pays tels que l’Egypte et la Tunisie. Cela aurait montré qu’un dictateur peut contre-attaquer et reprendre le pouvoir. Cela aurait porté un message fort. Bashar al-Assad (le président syrien) se sentirait bien plus en confiance et recevrait sans doute une assistance active du régime de Kadhafi.
Kadhafi, un roi sans pouvoir
Lors de ces entretiens, The Guardian a également appris que le colonel Kadhafi aurait proposé aux autorités anglaises d’entamer un processus de départ du pouvoir en acceptant un rôle de représentation à la tête du pays.
Il aurait été comme la Reine d’Angleterre, imaginait-il,
explique un ministre. "Il aurait été un président sans pouvoir réel. Il était prêt à n'être qu’une figure de proue. Mais cela n’était évidemment pas acceptable par les rebelles".
La comparaison doit probablement ravir Elisabeth II, mais ces révélations permettent de préciser que TDavid Cameron, comme hier Tony Blair en Irak, utilisent tous deux le même argument pour justifier leur intervention militaire: une situation humanitaire inacceptable. La position stratégique du pays et ses ressources en matière première ne figuraient évidemment qu’en arrière-plan…