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La chasse aux squatteurs est ouverte en Grande-Bretagne

lundi, 10 octobre, 2011 - 11:02

Le gouvernement veut criminaliser les occupations de logement. Une réponse strictement répressive à un problème social amplifié par les coupes drastiques des budgets sociaux.

Haro contre les squatteurs. L'offensive été longuement préparée. Dés mars dernier, on laissait officieusement entendre dans l'entourage du ministre de la Justice, Kenneth Clarke, que ce dernier

était déterminé à utiliser toute la force de la loi pour sauver les gens du cauchemar d’avoir à se battre pour récupérer leur maison. Le temps des droits des squatteurs est fini".

Nouvelle étape cet été. Le 13 juillet, une pseudo-consultation populaire a été lancée pour savoir si les citoyens anglais et gallois désiraient un changement de la législation sur l’occupation non autorisée de logements. Elle s’est achevée mercredi dernier.

Des propriétaires "respectables travailleurs"

La consultation s'adressait "à quiconque a été victime d'un squat" et "a eu recours à la justice pour expulser des squatters". Le ton était donné. Cependant, pour éviter d'être accusé de recueillir l'avis des seuls propriétaires ayant un logement illégalement occupé, le ministère précisait que "les autorités locales, les associations de logement, les associations caritatives pour les sans-abris ou d'autres organisations qui pourraient être concernées par ces propositions seraient particulièrement bienvenue".

Le ministère n'a pas encore dressé le bilan de cette consultation qui va, sans nul doute, servir à justifier le durcissement des lois anti-squat.

Le sous-secrétaire d’Etat à la Justice, Crispin Blunt, avait ainsi, dés le départ, prévenu que cette consultation était nécessaire car

Les propriétaires respectueux de la loi ou les occupants qui travaillent dur pour gagner leur vie peuvent dépenser des milliers de livres sterling pour expulser les squatteurs de leur propriété, réparer les dommages ou nettoyer les débris qu’ils ont laissé derrière eux".

Protéger les promoteurs

Rueben Taylor fulmine. "Le gouvernement conservateur et la presse de droite tordent le cou à la réalité : l’occupation de logements habités ou dans lequel un occupant allait déménager est déjà considérée comme un acte criminel"? assure cette volontaire chez Squash, une association dénonçant, justement, la criminalisation du squat.

Cela ne nous surprend pas tellement: notre association a été créée au début des années 90 lorsque les conservateurs voulaient criminaliser les occupations et elle a été réactivée au début d’année quand ils ont relancé cette idée. Leur objectif est, avant tout, de protéger les spéculateurs et les promoteurs qui gardent des immeubles entiers vides pour faire grimper les prix de la location et de la vente".

Mais qu’en est-il de ces nombreux articles parus dans la presse nationale sur l’occupation des maisons secondaires du réalisateur Guy Ritchie ou du parlementaire David Blunkett, estimée à respectivement 3 et 4 millions de livres sterling (3,45 et 4,6 millions d’euros) ?

C'est n’importe quoi. Si le squat avait été illégal, la justice serait intervenue très rapidement et les squatteurs auraient été mis dehors par une procédure judiciaire qui coûte 150 livres et dure au plus quelques semaines"

affirme la représentante de Squash.

Manque de logements

Dans la plupart des cas, les maisons étaient inoccupées, souvent depuis longtemps car leurs propriétaires demandent des tarifs de location tellement élevés que personne n’est intéressé. Un bon moyen de faire spéculer en faisant semblant de jouer le jeu. Le squat permet donc à des SDF d’être logés, ce qui résout partiellement le problème de manque flagrant de logements dans le pays."

Une enquête publiée en septembre 2011 par le Centre pour la recherche sociale et l’économie régionale en collaboration avec l’association caritative Crisis, qui s'occupe plus particulièrement de sans-abris célibataires, indique en effet que 78% des SDF ayant squatté s’étaient auparavant vus refuser l’attribution d’un logement social par les services sociaux de leur municipalité qui a considéré que ce n'était pas, pour eux, "un besoin prioritaire" ou parce qu'ils ont été accusés "d'être devenus sans abri volontairement" !

Les auteurs de cette enquête constatent le délabrement des services sociaux incapables de faire répondre aux demandes des sans logis: "les gens squattent car ils n’ont pas accès à des logements alternatifs". Problème aggravé par la suppression de 1 169 lits dans les structures d'accueil depuis mars 2010 du fait des coupes budgétaires.

Et surtout, "il n’y a pas de cas où les squatteurs se sont installés dans des logements occupés. Ce sont des immeubles vides, abandonnés et souvent en ruine. Certains les réparent, d’autres vivent dans les conditions miséreuses, sans aucune sécurité du fait des équipements et installations électriques délabrée". 

Conclusion de Rueben Taylor:

S’attaquer au problème des squats requiert une réponse sociale, pas une réponse judiciaire".




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