Et si on supprimait la "fête du travail" du 1er mai, jour férié trop propice aux défilés syndicaux? L'idée a germé dans la tête du ministre du tourisme britannique. Et pour faire bonne mesure, il propose d'instaurer en contrepartie un "National Day" le 21 octobre, jour de la victoire de Trafalgar. Dans d'autres pays européens, on envisage de réduire le nombre de jours chômés.
Le ministre conservateur du tourisme, John Penrose, n'aime pas la fête du travail avec ses cortèges syndicaux et autres manifestations revendicatives qui engendrent des embouteillages. Cela gêne les touristes qui profitent des premiers beaux jours.
Il propose donc de supprimer le 1er mai de la liste de jours fériés au Royaume-Uni en instaurant en contrepartie un "National Day" le 21 octobre, jour de la victoire britannique sur les troupes napoléoniennes à Trafalgar. Cela ne va évidemment pas contribuer à améliorer les relations franco-britanniques, mais présente avantage indéniable: allonger la saison touristique avant les frimas de l'hiver. Une consultation publique aura lieu et le "jour du travail" pourrait être rayé des tablettes des jours fériés outre-Manche en 2013.
Tollé immédiat des syndicats. Len McCluskey, le secrétaire général de la confédération Unite, la principale du pays, souligne que "les travailleurs britanniques ont déjà le plus faible taux de vacances en Europe et parmi les heures de travail les plus longues. Il devrait donc y avoir plus de vacances, pas moins". Quant à Paul Kenny, le secrétaire général de GMB, il estime lui que "la vraie motivation, c'est que les anciens écoliers des écoles privées qui sont au gouvernement sont opposés au 1er mai pour des raisons idéologiques".
En avril ne te découvre pas d'un fil ; en mai ne fait pas ce qu'il te pait
Jusqu'a présent, il n'y a pas de fête nationale à proprement parler en Angleterre. Si l’Irlande du Nord comme la République d'Irlande, célèbrent avec faste la St Patrick (le 17 mars) et l’Écosse la St Andrew (le 30 novembre), tous deux jours fériés, leurs équivalents gallois (la St David, le 1er mars) et anglais (la St George, le 23 avril) ne suscitent, quant à eux, guère d’enthousiasme officiel et populaire: ni célébrations, ni défilés en Galles comme en Angleterre.
En revanche, le jour d’anniversaire de la reine (ou du roi) est considéré comme l’équivalent de la fête nationale britannique, notamment par toutes ses représentations diplomatiques à l’étranger. Même si la reine Elizabeth est née le 21 avril, son anniversaire est officiellement fêté le premier, le second ou le troisième samedi du mois de juin depuis le début du 20ème siècle. Ainsi en avait décidé le roi Edouard VII (1841-1910) qui ne supportait plus que le froid et la pluie s’invitent systématiquement à son anniversaire, le 9 novembre.
En Belgique, au nom de Léopold de Saxe Cobourg-Gotha
En Belgique, le jour de la fête nationale est le 21 juillet. Il ne commémore pas, comme on le croit souvent, l’indépendance des "provinces belgiques" auparavant dominées par les Pays-Bas, mais bien la prestation de serment le 21 juillet 1831 de Léopold de Saxe Cobourg-Gotha, prince allemand devenu le premier "Roi des Belges" (et non de Belgique).
La commémoration de la fête nationale donne lieu à un défilé militaire au Parc de Bruxelles, auquel assiste toute la famille Royale. Ne pas en être constitue une marque de désaveux. C’était le cas cette année du prince Laurent, fils cadet du roi Albert II, privé d’apparitions publiques suite à un désastreux voyage en République du Congo pendant les élections, contre l’avis du roi et du premier ministre, Yves Leterme. Des festivités populaires – bals, concerts, etc. – se déroulent non seulement à Bruxelles mais dans toutes les villes du pays. Cette fête représente, ainsi que le roi, un symbole de plus en plus ténu de l’unité d’un pays divisé.
Dans un pays qui compte 3 communauté (Bruxelles, Flandre, Wallonie) et 4 régions linguistiques (langue française, langue néerlandaise, Bruxelles bilingue français et néerlandais et langue allemande) la fête nationale se voit de plus en plus supplantée par les "fêtes des communautés". Ainsi, la Communauté française (rebaptisée depuis peu Communauté Wallonie-Bruxelles, au grand dam des Flamands) célèbre sa création chaque 27 septembre. La communauté flamande fête le 11 juillet tandis que les germanophones célèbrent le 15 novembre. La région bruxelloise, quant à elle, connait une “fête de l’iris”, symbole de la ville, qui se célèbre le 8 mai…
Au Royaume des Pays-Bas, on célèbre la reine, pas le travail.
Autre royaume, autre coutumes. La fête nationale néerlandaise est le Koninginnedag – jour de la reine. Il est célébré non seulement dans les Pays-Bas d’Europe, mais aussi à Curaçao, Aruba et Saint-Martin, îles des Antilles néerlandaises qui font toujours partie intégrante du Royaume des Pays-Bas, le "Koningrijk der Nederlanden".
Le jour de la reine est célébré depuis 1949 le 30 avril, jour de l’anniversaire de la reine Juliana, mère de la reine Béatrix, la souveraine actuelle. Avant cette date et depuis 1885, il était célébré le 31 août, jour de l’anniversaire de la reine Wilhelmina. Au cours du 19e siècle, on célébrait le “Waterloodag”, commémoration de la bataille de Waterloo, le 18 juin…
Alors qu’aujourd’hui, le Koninginnedag fait l’unanimité chez les Néerlandais, il n’en a pas toujours été ainsi : les socialistes et les communistes célébraient le 1er mai avec plus de fastes, jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale. De nos jours, le "jour du travail" est complètement tombé dans l’oubli aux Pays-Bas.
En Espagne, les jours fériés décalés avant ou après le week-end ?
En Espagne, il y a débat pour savoir si les jours fériés qui tombent en milieu de semaine ne devraient pas être déplacés au vendredi ou lundi suivant pour que les ponts occasionnés ne se transforment pas en "aqueducs", ceci au nom de la compétitivité en ces temps de crise.
Mais il n'est pas question de remettre en cause la "Fête de l’Hispanité", fête nationale qui a lieu tous les 12 octobre en Espagne pour commémorer l’arrivée en Amérique de Christophe Colomb. Comme en France, un défilé militaire est organisé à Madrid, mais du fait de la crise économique, le nombre de militaires mobilisés à cette occasion a été notablement réduit. Pour que la fête prenne une dimension plus "civile" , les musées de plusieurs grandes villes d'Espagne sont désormais ouverts gratuitement.
Pour la petite histoire, José Luis Rodriguez Zapatero, alors secrétaire général du parti socialiste, avait fait scandale en 2003 en refusant de se lever au passage du drapeau des Etats-Unis, pour protester contre l’invasion de l’Irak à laquelle participait l’armée espagnole sous le Gouvernement d’Aznar. En 2008, c’est Mariano Rajoy, le président du Parti Populaire, et probable futur chef du Gouvernement après les élections du 20 novembre prochain, qui avait fait parler de lui, en jugeant "chiant" le défilé militaire… sans savoir que des micros l’enregistraient…
En Allemagne, même la fête nationale est boudée
En Allemagne, la réduction du nombre de jours fériés n'est pas à l'ordre du jour. La fête nationale est, depuis 1990, le 3 octobre, jour de l’unité allemande. Elle célèbre la date officielle de la réunification voici vingt et un ans. L’enthousiasme populaire autour de cette fête nationale est très limité, c’est avant tout un jour férié comme un autre. Quelques manifestations officielles sont cependant organisées, dont la plus importante se déroule dans la capitale du Land qui préside le Bundesrat. On y célèbre un service religieux œcuménique, les Länder ont leurs pavillons et il y a des manifestations diverses, notamment autour du thème de la réunification. Mais ni défilé militaire, ni grande fête populaire.
En Italie, le Vatican veille
En Italie, il n'est également pas question de réduire les très catholiques jours fériés. Le Vatican veille. La fête nationale, c’est officiellement, le 2 juin, la fête de la République. Les Italiens ayant, par référendum, préféré la République et à la monarchie le 2 juin 1946. Ils reprochaient alors au roi Victor-Emmanuel III d'avoir laissé Mussolini arriver au pouvoir et d'avoir abandonné Rome aux Allemands après l'armistice du 8 septembre 1943. Mais, depuis, la République a connu bien des vicissitudes et le modeste défilé militaire sur la via dei Fori imperiali ne mobilise guère les foules.
Ironie de l’Histoire, les fascistes défilaient sur cette même avenue. La République italienne a, semble-t-il, oublié que c’est le Duce qui avait fait percer la Via dei Fori Imperiali de 1931 à 1933. Il voulait une avenue assez large pour faire défiler ses troupes. Ces marches triomphales étaient sa marotte et quoi de mieux que ce lien symbolique entre le siège du parti fasciste Piazza Venezia et le Colisée symbole de la puissance romaine antique !